Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Les traits tirés, Gino Strada affirme que les arrestations des trois humanitaires italiens, transférés dans un bâtiment de la direction nationale de la sécurité à Kaboul, démontrent bien que l’hôpital de Lashkar Gah, dans la province du Helmand, principale zone de culture du pavot en Afghanistan, est devenu un témoin trop gênant.
Et de jurer que le médecin, l’infirmier et l’informaticien, ne sont pas des terroristes. Les accusations portées contre eux sont absurdes, a-t-il martelé, avant d’évoquer une prochaine offensive dans cette province, de pointer du doigt les forces britanniques qui en ont le commandement, ainsi que le gouvernement afghan. En attendant, l’hôpital a fermé ses portes.
« Nous avons soigné plus de trois millions de personnes dans le monde, dont deux millions d’Afghans et donc nous incarnons un beau symbole du "made in Italie" en matière de santé en Afghanistan. », a déclaré Gino Strada. Et le fondateur de l’ONG Emergency d’ajouter : « L’Italie dépense plus d’un milliard d’euros par an pour ce pays et je ne veux pas faire de commentaires sur la façon dont elle le fait, mais je crois que l’Italie a le droit de poser une question de fond aux Afghans. Vous pensez que nous, Italiens, nous continuerons de dépenser des milliards d’euros pour l’Afghanistan, alors que vous, vous vous permettez de traiter les Italiens de cette manière ? Il suffirait de poser cette question et nos trois collaborateurs seraient immédiatement libérés. »
La libération des humanitaires italiens est une priorité absolue pour Emergency, qui après des jours très tendus avec le gouvernement italien a fini par obtenir l’envoi d’un représentant du ministère des Affaires étrangères à Kaboul.