Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
Incrédules, une grande partie de la journée, les Polonais commencent à réaliser : leur président a péri et, avec lui, toute l’élite intellectuelle du pays.
En fin d’après-midi les premières messes en hommage aux victimes se sont déroulées dans tout le pays, à Cracovie pour commencer, puis dans la capitale, à Varsovie. pontanément des milliers de passants se sont rendus à la cathédrale militaire au cœur de la vielle ville. A l’extérieur de l’édifice plein à craquer, plus de 5 000 fideles se sont réunis sur le parvis et ont suivi l’office sur un écran géant.
Sur le toit une statue de la Sainte-Vierge tend les bras vers eux, entre deux drapeaux : celui du Vatican et celui de la Pologne, tous deux en berne.
Dans son serment le représentant du Vatican en Pologne rend hommage à chacune des victimes présentes dans le Tupolev-154. Des souvenirs de rencontre avec le président et son épouse ou avec l’évêque l'évêque Tadeusz Ploski qu’il a lui-même ordonné prêtre.
A quelques centaines de mètres de là une autre messe commence sur la grande place de Varsovie en présence du ministre de Affaires étrangère. Le palais présidentiel est à quelque pas, plusieurs tapis de bougies décorent son entrée.
Et sur la place Pilsudski, les habitants de la capitale se sont donnés rendez-vous pour veiller toute la nuit.
L'élite décapitée
Dans l'avion présidentiel, Lech Kaczynski avait voulu emmener le maximum de personnalités représentant l'ensemble du spectre politique, militaire, économique et religieux polonais.
Aujourd'hui, c'est d'abord la formation politique créée par Kaczynski, Droit et justice, qui se voit décimée : des députés, des sénateurs, mais aussi la totalité de son cabinet. Dans l'avion, il y avait aussi le candidat de l'opposition de gauche à la présidentielle Jerzy Szmajdzinski.
Tués également les principaux chefs de l'armée polonaise, notamment le chef d'état-major, les chefs de l'armée de terre, des forces aériennes et des forces spéciales.
Conjuguées à celle du chef de l'Etat, toutes ces disparitions plongent le pays dans une crise institutionnelle sans précédent. Le président de la Banque centrale a lui aussi a été tué, tout comme le président du Comité Olympique.
De très nombreux dignitaires de l'Eglise catholique figurent eux aussi au nombre des victimes, tout comme des descendants des 22 000 officiers exécutés sur ordre de Staline à Katyn. En 1940 ils étaient professeurs, avocats ou médecin. 70 ans plus tard, le Kremlin venait de présenter des excuses historiques. Mais c'est une seconde blessure qui s'ouvre à Katyn avec cette nouvelle hécatombe de l'élite polonaise.
Vladimir Poutine à Smolensk promet une enquête « approfondie »
Avec notre correspondant à Moscou, Alexandre Billette
Vladimir Poutine en a pris l'engagement : non seulement l'enquête sera « approfondie », mais il faudrait trouver « au plus vite », les causes de l'accident du Tupolev polonais.
Une commission nationale a été mandatée par le gouvernement russe pour comprendre comment l'avion présidentiel polonais a pu s'écraser. C'est Vladimir Poutine qui supervise personnellement la commission, sur ordre du président Medvedev.
Jusqu'à maintenant les enquêteurs ont déjà avancé : tous les corps des victimes ont été retrouvés. La dépouille du président Kaczynski a été identifiée. Et plus important encore pour l'enquête : les deux boîtes noires de l'appareil ont été récupérées, elles seront analysées dans les prochaines heures.
Le Premier ministre russe, lui, s'est rendu à Smolensk samedi soir, sur les lieux même de l'accident. La télévision russe l'a montré aux côtés des enquêteurs, devant les débris de l'appareil polonais. Il devrait passer quelques heures à Smolensk, tout comme son homologue polonais Donald Tusk, tout comme, également, Jaroslaw Kaczynski, le frère jumeau du président polonais décédé.