De notre envoyé spécial à Lubango
Ces habitants expulsés sont trop en colère pour accepter de témoigner une seule personne à la fois. Des bulldozers ont rasé leur logement il y a un mois, aujourd’hui près de trois mille familles dorment sous des tentes pour les plus chanceuses, sur un terrain situé à six kilomètres de la ville, loin des écoles, et loin du centre de Lubango où elles écoulaient leurs produits sur le marché informel. Et puis la piste est cabossée. « Ça me fait mal au cœur, je ne peux plus travailler, je n’ai pas assez à manger, je dors dehors et il pleut, c’est inacceptable », proteste Alberto Antonio, un expulsé âgé de 29 ans.
La responsable provinciale des affaires sociales admet que le nombre de tentes est insuffisant, certaines ne sont pas imperméables alors que c’est la saison des pluies en Angola.
Eduardo Inacio a 62 ans, il a combattu le mouvement rebelle Unita durant la guerre civile. « Je me suis battu pour que mon pays soit en paix, mais nous ne récoltons pas les fruits de la paix, nous souffrons, et en plus le gouvernement nous maltraite ».
L’opposition dénonce ces expulsions
Le ministre de la Santé, José Vieira Dias Van Dinem, estime que les familles ont été déplacées pour leur propre bien. « Vivre aussi près d’une voix ferrée comporte trop de risques pour les enfants », explique le ministre. Le gouvernement provincial a promis des matériaux de construction pour permettre aux familles de bâtir des maisons sur le nouveau site. Pourquoi ne pas l’avoir fait avant les expulsions, demande le parti d’opposition ?
L’Unita appuie le développement des infrastructures de l’Angola mais sous certaines conditions, explique le député Almérindo JAka Jamba qui a rencontré les familles expulsées de Lubango. « Il fallait le faire durant la saison sèche et non durant la saison de pluies, il fallait étudier la nouvelle zone où la population allait être relogée. C’est une situation vraiment dramatique, il faut protéger les populations démunies qui sont souvent sans défense, parce que l’on ne peut s’amuser ainsi avec la population », dit-il.
L’an dernier, d’après l’Unita, des centaines de familles avaient déjà été violemment expulsées afin de permettre l’aménagement de la presqu’île Ilha de Luanda dans la capitale.