C'est une décision paradoxale en apparence. Comme l'opposition, le SPLM veut un report du triple scrutin du 11 avril prochain, accusant le président Omar el-Béchir de préparer des fraudes. Mais si le candidat du grand parti sudiste se retire de la course à la présidentielle, sa formation maintient pourtant ses candidats aux élections législatives et locales.
En fait, le SPLM, qui a à la fois un pied dans l'opposition et un autre au gouvernement, veut signifier sa solidarité avec l'opposition et éviter de perdre une occasion de remporter les élections locales au Sud. Car au fond, pour un parti qui s'inscrit dans la logique du référendum d'autodétermination de l'an prochain, l'élection présidentielle nationale a moins de sens que les élections locales dans sa région naturelle.
Le principal perdant dans l'affaire c'est le président Béchir. Si l'opposition emboîte le pas au SPLM, les élections soudanaises seront vidées de leur sens. Or Omar el-Béchir a besoin d'un scrutin crédible afin de redorer son blason après le mandat d'arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale. Reste maintenant à connaître la réaction du pouvoir soudanais. Cette semaine, Omar el-Béchir avait menacé de rejeter le référendum de l'an prochain si le SPLM rejetait les élections. Manifestement la menace n'a pas suffi à faire plier le parti sudiste.