Des militaires armés congolais sont ainsi entrés dans l'hôpital de Katanga, une localité très isolée dans la région des Hauts Plateaux d'Uvira, dans la province du Sud-Kivu, pour enlever quatre patients blessés, dont deux rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un milicien Maï Maï et un civil. Ils étaient hospitalisés pour des blessures de guerre. A la suite de cette intervention, MSF a dénoncé, le 18 mars dernier, une « violation des principes humanitaires », soulignant que « toute personne malade ou blessée a droit à des soins médicaux ». MSF a alors momentanément évacué son équipe sur place.
Toutefois les déboires de MSF au Kivu ne sont visiblement pas terminés. Un porte-parole de l'armée congolaise, cité samedi 20 mars par le quotidien pro-gouvernemental l'Avenir, a accusé l'organisation de cacher des rebelles des FDLR. Dans un entretien à RFI, le chef de la mission MSF au Kivu, Philippe Havet, a rejeté ces accusations en précisant : « C’est complètement faux ! Dans les hôpitaux MSF au Congo et dans tous les pays du monde on soigne toute le monde. Dans les Conventions de Genève, il y est bien stipulé que tout homme blessé est considéré comme hors combat. Nous, nos buts, c’est de soigner toutes les victimes ».
Ces accusations remettent en cause, une fois de plus, la position et la sécurité de MSF dans la région. L'ONG se dit prête, malgré tout, à poursuivre ses activités tant que son personnel n'est pas menacé. Philippe Havet a ajouté que « à partir du moment où nous avons un maximum de sécurité – parce que nos équipes travaillent dans des zones très dangereuses -, on va tout faire pour continuer à travailler et à toujours aider toutes les victimes de ces conflits. Maintenant, il est clair qu’il faut qu’on ait certaines garanties. S’il y a des actes contre MSF, bien entendu on ne pourra pas travailler. Mais je ne crois pas et j’espère surtout qu’on ne va pas en arriver là. On veut absolument continuer à travailler pour tout le monde ». Médecins sans frontières tentent actuellement de regagner la confiance de ses patients pour que ceux ci acceptent de revenir se faire soigner à l'hôpital sans crainte de se faire arrêter.