Du nouveau en Côte d’Ivoire dans l’affaire du bombardement de la base militaire française de Bouaké le 6 novembre 2004. Pour la première fois en effet, un juge militaire veut entendre à titre de témoins Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie, respectivement ministre français des Affaires étrangères et de la Défense au moment de ce bombardement de l’aviation ivoirienne qui avait tué 9 militaires français et un civil américain. 
Le procureur militaire d'Abidjan doit prendre sa décision dans les cinq jours
Un avocat de familles de victimes, Me Jean Balan, avait accusé le 25 janvier, Michèle Alliot-Marie d'avoir « menti » à propos des pilotes des avions Sukhoi en assurant qu'ils n'avaient ou être identifiés alors que, selon lui, des photos exploitables figurent au dossier.
La demande d’audition du juge ivoiirien a été adressée au procureur militaire d’Abidjan Ange Kessy, qui doit ou non donner son feu vert dans les cinq jours pour rouvrir le dossier. Mais déjà, le colonel Kessy souligne l’amélioration de la coopération judiciaire franco-ivoirienne dans ce dossier :
Le 6 novembre 2004, des avions de combats des forces loyalistes ivoiriennes avaient bombardé un campement militaire français à Bouaké dans le centre du pays tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant 38 soldats en représailles. La France avait détruit tous les aéronefs, - avions et hélicoptères - de l'armée ivoirienne, ce qui avait entraîné de violentes manifestations anti-françaises. Plus de 5 ans après les faits, l’enquête n’est toujours pas bouclée même si plusieurs documents relatifs à l’affaire ont été déclassifiés, dont des notes de la DGSE, les services de renseignement français.
Au centre de cette affaire, il y a les photographies des équipages
Les familles des victimes veulent savoir pourquoi la France n’a jamais arrêté les pilotes biélorusses des Sukhoï - 25 qui ont mené l’attaque contre le camp français de Bouaké alors que plusieurs suspects d’origine slave avaient été interpellés quelques jours après les faits, une première fois à Abidjan, puis à la frontière togolaise, le 16 novembre 2004, certainement les pilotes et leurs mécaniciens en fuite.
Au centre de cette affaire, il y a les photographies des équipages prises par les militaires français, juste après le raid meurtrier du 6 novembre. Des photos floues qui n’auraient pas permis d’identifier les pilotes, ce qui aurait empêché de lancer un mandat d’arrêt international permettant de rattraper les auteurs présumés de l’attaque.
Les avocats des familles n’y croient pas. La France aurait plutôt choisi de laisser filer les mercenaires. Mais pour quelle raison ? Michèle Alliot-Marie a toujours assuré qu’elle répondrait aux questions des juges si elle était convoquée.
Le Tribunal aux armées à Paris veut entendre Michèle Alliot-Marie
En France, le Tribunal aux armées de Paris, qui juge les crimes et délits commis par ou sur des militaires en missions, a lancé une procédure la semaine dernière afin d'entendre Michèle Alliot-Marie, actuelle ministre de la Justice qui était ministre de la Défense au moment des faits. Le Tribunal des armées de Paris confirme que Michèle Alliot-Marie a accepté de répondre à cette demande.
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