Une réunion sur la forêt pour sauver les poumons de la planète

La sauvegarde des grands bassins forestiers du monde, véritables poumons de la planète, était au centre de la conférence internationale ministérielle qui a eu lieu à Paris jeudi 11 mars 2010. Une conférence à l’initiative du président français Nicolas Sarkozy qui souhaite la mise en œuvre rapide de l’accord de Copenhague sur le climat de décembre 2009.

Nicolas Sarkozy a lancé l’idée de l’organisation d’une réunion sur la forêt avec les représentants des grands bassins forestiers – Amazonie, Congo, Indonésie et Sibérie – et des principaux bailleurs de fonds afin de permettre de faire un pas décisif vers l’établissement rapide d’un mécanisme de lutte contre la déforestation. La réunion est organisée avec les ministères des Affaires étrangères et de l’Environnement.

En Amérique du Sud, la forêt amazonienne – une forêt équatoriale de 6 millions de km² située dans le bassin amazonien, surtout au Brésil (60%) mais aussi en Equateur, en Colombie, au Venezuela, en Guyane française, au Surinam, au Guyana, en Bolivie et au Pérou –, est considérée comme le « poumon de la Terre » : c’est l’un des plus importants réservoirs de biodiversité (la moitié des forêts tropicales du monde). Deuxième poumon, en Afrique centrale, la forêt du Bassin du Congo est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne, couvrant plus de 2 millions de km². En raison de la surexploitation du bois, notamment par les entreprises étrangères, la déforestation y est importante. Les dégâts sont écologiques, avec une diminution de la biodiversité, mais les conséquences sont aussi économiques avec la perte de ressources financières à long terme.

Demande en énergie, urbanisation, l’intérêt de l’homme s’est accru

Les pays concernés, Cameroun, République centrafricaine, Gabon, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale et Tchad, ont lancé un processus devant permettre une meilleure gestion des ressources forestières. En 2002, lors du Sommet de la Terre à Johannesburg, un partenariat a été lancé pour le bassin du Congo regroupant les Etats-Unis, la France, les États de la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), les autres bailleurs de fonds et les ONG.

La forêt indonésienne représente 50% des forêts tropicales du sud-est asiatique. Elle s'étend sur 74% de la surface du pays soit 109 millions d'hectares. La filière bois compte pour 3% du produit national brut indonésien et mobilise 2,5 millions d'emplois directs, auxquels il convient d'ajouter 1,2 million d’emplois liés à des industries comme la construction et l’ameublement. Quant à la Russie, elle abrite environ 70% des forêts boréales de la planète (plus des 3/4 se trouvent en Sibérie et le reste dans sa partie européenne). Avec l’augmentation de la demande en énergie et l’urbanisation, l’intérêt de l’homme pour ces forêts s’est accru, et d’importantes surfaces ont disparu.

13 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année

Selon les experts, 13 millions d’hectares de forêts disparaissent dans le monde chaque année, entraînant des dommages écologiques irréversibles et menaçant le mode de vie des sociétés humaines qui en dépendent directement. Une conjonction de facteurs contribuent à la déforestation : hausse de la demande globale de bois et de denrées agricoles, liée à l’élévation des niveaux de vie, développement des agro-industries, mais aussi croissance démographique, pauvreté et migrations rurales dans les pays forestiers.

Les forêts, précise-t-on de source française, tiennent un rôle crucial dans le maintien des grands équilibres écologiques, en raison de la diversité biologique qu’elles abritent. Par ailleurs, le mode de vie des populations locales, et notamment des populations autochtones, est parfois étroitement lié aux forêts et les ressources qu’elles en tirent permettent d’améliorer leurs conditions d’existence. En outre, les forêts jouent un rôle économique important à travers la production de biens. Une économie de services tend également à se développer avec l’écotourisme et par la valorisation des services liés à l’environnement.

10 à 19% des bois importés par l’UE sont d’origine illégale

La nécessité d’une gestion durable des forêts est renforcée par les liens entre forêts et changement climatique. Le déboisement, ainsi que la dégradation des écosystèmes forestiers, constituent d’importantes sources d’émission de gaz à effet de serre. Les forêts ont donc une place importante parmi les enjeux globaux du développement durable et l’action collective internationale pour la préservation des écosystèmes forestiers doit être renforcée, souligne-t-on à Paris.

Plusieurs organisations s’occupent de cette préservation : le Forum des Nations unies sur les forêts (FNUF) et le Comité des forêts de la FAO. D’autres accords multilatéraux traitent des problèmes liés de près ou de loin aux forêts : la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son protocole de Kyoto, la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) ou encore la Convention du patrimoine mondial de l’Unesco.

L’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), créée en 1983 pour développer le commerce international tout en soutenant la gestion durable, fournit normes et appui technique et financier aux pays-membres.

L’Union européenne a, quant à elle, adopté en 2003 le plan d’action Forest Law Enforcement Governance and Trade (FLEGT), qui vise à réduire les volumes de bois illégal entrant dans l’UE et à renforcer la gouvernance dans les pays producteurs par le biais d’accords volontaires de partenariat. Selon les estimations, 10 à 19 % des bois importés par l’UE sont d’origine illégale. En outre, la Banque mondiale estime que le coût de l’exploitation illégale pour les économies nationales des pays producteurs s’élèverait à 10 milliards de dollars par an.

La déforestation tropicale représente davantage d’émissions de gaz à effet de serre que l’ensemble du secteur des transports au niveau mondial et l’UE souhaite que la déforestation soit réduite de moitié d’ici 2020 afin de contenir le réchauffement global sous les 2 C. La Conférence de Copenhague a été l’occasion d’annoncer des financements précoces dont une partie sera destinée au volet « forêt » de la lutte contre le changement climatique. Six pays dont la France ont ainsi annoncé qu’ils y affecteraient près de 3,5 milliards de dollars sur la période 2010-2012.

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