Décision judiciaire à nouveau reportée dans l’affaire Nkunda

La Cour Suprême de justice du Rwanda, saisie d'une requête de remise en liberté de l'ex-chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, a choisi de se donner jusqu'au 26 mars pour décider de traiter ou non le dossier. Nkunda est détenu à Kigali depuis plus d'un an. Laurent Nkunda, à la tête du CNDP, avait été arrêté en janvier 2009 par l'armée rwandaise à la suite d'un spectaculaire retournement d'alliance entre Kigali et Kinshasa. Depuis cette date, aucun mandat d'arrêt n'a été émis, aucune inculpation n’a été prononcée contre le général Nkunda. Mi-janvier déjà, la Cour avait reporté une audience sur cette affaire.

L'audience n'a pas permis de savoir pour quel motif Laurent Nkunda est détenu depuis plus d'un an au Rwanda. Et pour cause : la Cour suprême de justice n'a pas encore décidé si elle était compétente pour répondre à cette question. Les autorités judiciaires cherchent-elles à gagner du temps dans cette affaire Nkunda, plus politique que juridique ? Réponse de son avocat, maître Stéphane Bourgon :

« Je ne crois pas que ce soit pour gagner du temps. Cela dit, je vais continuer en attendant d’essayer d’ouvrir un canal de communication avec le gouvernement. Le gouvernement ne peut s’attendre à ce qu’on puisse négocier une entente quelconque tant que je n’aurai pas vu mon client. La balle est clairement dans le camp du gouvernement pour essayer de trouver une solution non judiciaire, le gouvernement doit savoir et ils le savent après plus d’une année que nous ne lâcherons pas prise et que nous allons continuer tant que nous n’obtiendrons pas gain de cause. Moi, j’ai confiance que d’ici quelque temps Laurent Nkunda sera libre ».

L'affaire Nkunda embarrasse le régime de Kigali. L'ancien chef rebelle congolais, d'origine tutsie, jouit d'une grande popularité dans cette communauté au Congo mais également au Rwanda, notamment dans l'armée. Une épine dans le pied du président Paul Kagamé qui peut difficilement décider de livrer Nkunda aux autorités congolaises.

Pour Kinshasa, l'affaire est également sensible .Dans les rangs de l'ex-rébellion, aujourd'hui intégrée dans les forces armées, beaucoup de soldats sont restés fidèles à leur ancien chef. La solution de l'exil pourrait convenir à tout le monde, sauf manifestement à l'intéressé. Selon nos sources, Laurent Nkunda a jusqu'à présent refusé cette option.
 

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