Lucas Salomon, est auteur d'une thèse de neurosciences au Collège de France. Dans son récent ouvrage, Cerveau, drogues et dépendances, il introduit de manière historique son sujet en décrivant les différents types de drogue consommés sur les différents continents, depuis la nuit des temps car, rappelle-t-il : « L'usage des plantes comme produits stimulants est aussi vieille que l'humanité » même s'il fut « un temps où les questions de dépendance, de toxicomanie et de dopage ne se posaient pas.» L'homme vivait en harmonie avec la nature et la notion de danger lié à la consommation d'hallucinogènes ou de stimulants nexistait pas. Temps révolu, souligne l'auteur, car « l'évolution des connaissances et des techniques façonne les idées sur les conduites à risques de notre espèce ».
Sans vouloir prétendre à l'exhaustivité, Lucas Salomon dresse une liste étoffée des différents produits consommés sur les différents continents dans les siècles passés et rappelle, qu'à l'origine, si « l'Homme tirait essentiellement profit de la flore pour ses vertus thérapeutiques », il n'en demeure pas moins qu'il avait découvert quel usage il pouvait en faire pour « développer ses performances physiques et psychiques ou pour en retirer des sensations de plaisir ».
Toutes les drogues « altèrent l'équilibre existant d'un de nos organes »
Qu'il s'agisse de drogues licites ou illicites, issues de produits naturels ou de traitements chimiques, elles partagent toutes un dénominateur commun : toutes les drogues « partagent la propriété d'être des substances pyschoactives. Elles agissent donc en modulant l'état psychique de l'homme. Pour ce faire, elles altèrent l'équilibre existant d'un de nos organes, le cerveau, et plus généralement le système nerveux [que l'auteur compare à une "sorte de boîte noire dans notre organisme"] dont il fait partie », à la fois complexe, composé d'un ensemble de nerfs qui innervent tous les organes du corps et qui régule toutes les fonctions vitales de l'organisme.
Puis le scientifique, tout en distinguant les effets de la drogue sur l'organiseme en fonction du type de produit et des doses consommées, explique comment « toutes ces substances interagissent avec un circuit cérébral appelé "circuit de la récompense" (une cible commune à toutes les drogues) et entraîne l'augmentation des taux d'un neurotransmetteur, la dopamine ». Est décrit, enfin, le mécanisme qui se met en place pour conduire l'individu à la dépendance car, explique-t-il, « les liens produits entre la drogue et les différents stimuli de l'environnement ont été appris progressivement par le cerveau, à l'insu même de son propriétaire, pendant toute la phase qualifiée d'addictive : on parle alors de réflexes conditionnés. »
Dans la dernière partie de l'étude, l'auteur consacre un chapitre aux troubles du comportement alimentaire et aux troubles obsessionnels compulsifs qui semblent « s'inscrire, avec les drogues, dans des pathologies de la motivation qui constituent encore un défi pour les cliniciens.»