A la veille de la présidentielle de 1995, Edouard Balladur a besoin d’argent pour financer sa campagne. Même s’il peut utiliser les fonds secrets de Matignon, le Premier ministre ne dispose pas du soutien logistique et financier d’un parti politique, puisque le RPR est aux mains de son rival Jacques Chirac.
Selon les plaignants, la vente de plusieurs sous-marins au Pakistan fait alors l’objet de commissions versées à des intermédiaires pakistanais, mais aussi de rétro-commissions destinées à l’Association pour la réforme, le club politique d’Edouard Balladur, via plusieurs sociétés off-shore. Pour vérifier l'hypothèse d'un financement occulte, les enquêteurs doivent désormais reconstituer le circuit des commissions versées à l'occasion de la vente des sous marins. Elles sont évaluées à environ 80 millions d'euros.
Détail troublant, qui figure dans le dossier, la création de l'une des sociétés off-shore, basée dans un paradis fiscal, est validée par la signature des deux «Nicolas» qui entourent Edouard Balladur : son directeur de cabinet Nicolas Bazire, et Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget.
Une fois élu, Jacques Chirac décide de bloquer le versement des commissions, et par conséquent, des rétro-commissions, ce qui provoque la fureur des intermédiaires pakistanais. Et en 2002, trois jours après la réélection de Jacques Chirac, un attentat à Karachi tue 14 personnes, dont 11 Français.
Des soupçons très graves, s’ils étaient confirmés par l’enquête mais «parfaitement infondés», selon Edouard Balladur. Des soupçons aussi qui alimentent, quelques jours après le jugement du procès Clearstream, le feuilleton de la haine tenace entre le clan «balladuro-sarkozyste» et le clan «chiraco-villepiniste».