Concorde: un procès hors normes

Le procès des responsables présumés du crash de l’avion supersonique, s’est ouvert, mardi 2 février, à Pontoise, au nord de Paris. La justice va tenter de comprendre comment ce bijou de la technologie, capable de traverser l’Atlantique en moins de trois heures, s'est écrasé le 25 juillet 2000, deux minutes après son décollage de l’aéroport de Roissy, faisant 113 victimes. Les premières conclusions de l’enquête attribuent l’accident à une simple lamelle en titane perdue sur la piste. Elle aurait fait exploser un pneu qui aurait lui-même perforé le réservoir de l’avion.

Avec notre envoyé spécial, Franck Alexandre

Au banc des accusés, la compagnie américaine Continental Airlines, dont l’un des avions aurait égaré la pièce incriminée. Egalement prévenus, deux anciens responsables du programme Concorde et un ancien cadre de la direction générale de l’aviation civile française. Les débats s’annoncent extrêmement difficiles à comprendre pour les non-initiés, mais ce procès est nécessaire pour les proches des victimes.

Le procès du crash du Concorde est une œuvre judiciaire hors normes. Soixante témoins, une trentaine d’experts, cinq cent trente-quatre pièces à conviction, des débats en trois langues, et plus de deux cents journalistes venus couvrir l’événement.

Le petit tribunal de Pontoise, peu habitué à ces grandes affaires, est littéralement submergé par les caméras, les micros. On se bouscule pour accéder à la salle d’audience.

Dès l’ouverture des débats, la présidente du tribunal rappelle que « l’inévitable technicité de ce procès ne doit pas lui faire perdre sa dimension humaine » que représentent notamment les vingt-six personnes qui se sont constituées partie civile.

Les victimes de la catastrophe, leurs proches, ont une voix à faire entendre à l’instar de cette employée polonaise qui travaillait juste à côté de l’hôtel sur lequel l’avion s’est écrasé : « Je me suis retrouvée dans des parkings situés entre les hôtels. Et tout le monde criait pour venir là où je me trouvais. Tout était brûlé. Les tuyaux, le caoutchouc, tout était brûlé. J’ai l’impression que c’était hier. J’ai l’impression d’y être encore. J’y suis encore ».

La justice a désormais quatre mois pour faire toute la lumière sur cette tragédie et ainsi permettre aux familles de victimes de faire leur deuil, de tourner la page.

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