Avec notre envoyé spécial, Franck Alexandre
Au banc des accusés, la compagnie américaine Continental Airlines, dont l’un des avions aurait égaré la pièce incriminée. Egalement prévenus, deux anciens responsables du programme Concorde et un ancien cadre de la direction générale de l’aviation civile française. Les débats s’annoncent extrêmement difficiles à comprendre pour les non-initiés, mais ce procès est nécessaire pour les proches des victimes.
Le procès du crash du Concorde est une œuvre judiciaire hors normes. Soixante témoins, une trentaine d’experts, cinq cent trente-quatre pièces à conviction, des débats en trois langues, et plus de deux cents journalistes venus couvrir l’événement.
Le petit tribunal de Pontoise, peu habitué à ces grandes affaires, est littéralement submergé par les caméras, les micros. On se bouscule pour accéder à la salle d’audience.
Dès l’ouverture des débats, la présidente du tribunal rappelle que « l’inévitable technicité de ce procès ne doit pas lui faire perdre sa dimension humaine » que représentent notamment les vingt-six personnes qui se sont constituées partie civile.
Les victimes de la catastrophe, leurs proches, ont une voix à faire entendre à l’instar de cette employée polonaise qui travaillait juste à côté de l’hôtel sur lequel l’avion s’est écrasé : « Je me suis retrouvée dans des parkings situés entre les hôtels. Et tout le monde criait pour venir là où je me trouvais. Tout était brûlé. Les tuyaux, le caoutchouc, tout était brûlé. J’ai l’impression que c’était hier. J’ai l’impression d’y être encore. J’y suis encore ».
La justice a désormais quatre mois pour faire toute la lumière sur cette tragédie et ainsi permettre aux familles de victimes de faire leur deuil, de tourner la page.