Mahmoud Ahmadinejad annonce que c'est du minerai déjà traité à 3,5% que l'Iran enverrait à l'étranger. Et au bout de trois ou quatre mois, dit-il, ils fourniront de l'uranium enrichi à 20% cette fois, pour les besoins du réacteur de recherche médicale de Téhéran. Vingt pour cent, c'est-à-dire le niveau nécessaire pour du nucléaire civil mais pas militaire.
Mais le président iranien ne dit pas en revanche s'il est d'accord sur les quantités, à savoir sur les 1 200Kilos, la quasi totalité du stock iranien connu dont l'agence de surveillance atomique, l'AIEA exige depuis octobre dernier un enrichissement sous surveillance. Et c'est d'ailleurs auprès d'elle que Mahmoud Ahmadinejad va devoir formaliser son annonce si elle constitue effectivement une position nouvelle. Mais il convient quand même de noter qu'Ahmadinejad a fait ces déclarations dans une interview à la télévision d'Etat. Et c'est très largement sous forme de boutades, à sa manière très populiste qu'il a d'ailleurs répondu aux questions.
Déclarations sérieuses ou effet de manche
Et, on vient d'apprendre que l'Iran a lancé avec succès sa troisième fusée spatiale Kavoshgar porteuse d'une capsule expérimentale. C'est pour Téhéran de quoi s'afficher comme une puissance régionale. Les déclarations d'hier soir pourraient n'être qu'un effet de manche. Dans cette même interview, il assure aussi que des discussions sont en cours avec les Etats-Unis sur un possible échange de prisonniers.
Mahmoud Ahmadinejad accuse les Américains d'avoir arrêté des citoyens iraniens pour rien. Il dit que de son côté Téhéran a fait savoir à Washington que l'Iran « n'aime pas emprisonner les gens ». Une allusion sibylline aux trois randonneurs américains détenus en Iran parce qu'ils auraient franchi par erreur la frontière entre l'Irak et l'Iran. Washington réclame depuis des mois qu'ils puissent bénéficier d'une visite consulaire de la Suisse qui représente les intérêts américains en Iran.
De son côté, Téhéran affirme depuis l'an dernier que onze iraniens sont détenus dans des prisons américaines. Parmi eux, il y aurait un scientifique spécialisé dans le nucléaire et un ancien vice-ministre de la Défense disparu depuis trois ans. Dans ce dossier, Washington avait fait un premier pas fin décembre en acceptant une visite consulaire en faveur de l'Iranien Amir Hossein Ardebili qui a été condamné fin 2009 pour trafic d'armes. Aujourd'hui, le département d'Etat dit qu'il ne comprend pas vraiment ou Ahmadinejad veut en venir avec ses déclarations et qu'il aimerait pouvoir croire qu'il s'agit d'une avancée.