Le vice-président nigérian en visite à Jos appelle à «stopper le carnage»

Goodluck Jonathan, vice-président du Nigeria, a appelé mardi 26 janvier 2010 lors d'une visite à Jos (centre) à « stopper le carnage ». Les affrontements de la semaine dernière à Jos entre chrétiens et musulmans ont fait 326 morts, selon le premier bilan officiel . Des médecins et des religieux évaluent, quant à eux, à quelque 550 le nombre des victimes. Des affrontements similaires avaient déjà eu lieu en 2001, puis en 2008, causant alors la mort de 700 personnes.

Avec notre envoyée spéciale à Jos, Julie Vandal

Depuis quelques jours, le calme est revenu à Jos où le couvre-feu reste en vigueur de 18h00 à 6h00 du matin. Le vice-président Goodluck Jonathan s’est rendu mardi 26 janvier dans celle ville en compagnie de différents gouverneurs des Etats voisins,

en présence du ministre de la Défense du gouvernement fédéral, le général Abbe, ainsi que le secrétaire du gouvernement fédéral. Il a rencontré le haut responsable militaire qui commande les forces armées en renfort sur le terrain, avant de se rendre dans l’après-midi dans le quartier de Jos où les violences ont débuté il y a dix jours. Le vice-président nigérian a prononcé un discours symbolique, soulignant que les enquêtes sur les incidents vont se poursuivre.

Les habitants continuent à fuir la région et on compte plus de 18 000 déplacés depuis le début des massacres et des centaines d’arrestations. « Plus de 310 personnes soupçonnées d’avoir participé aux affrontements ont été arrêtées », c’est en substance ce qu’a déclaré à RFI une source de la police fédérale de l’Etat du Plateau qui a tenu à garder l’anonymat. « La plupart de ces personnes ont été transférées à Abuja, en raison d’un manque de places dans la prison de Jos », a ajouté ce cadre de la police.

Un conflit politique

Il est impossible de savoir quelles sont les charges retenues contre ces suspects. Mais une chose est sûre : à Jos, la nouvelle de ces arrestations fait sourire, comme pour mieux souligner un certain scepticisme. « A chaque fois c’est pareil. Les gens sont arrêtés et sont envoyés dans la capitale fédérale et on n’en entend plus parler »,  s’indigne Chedraque Best, professeur de sciences politiques et spécialiste de la résolution des conflits à l'université de Jos. Selon lui, « le fond du problème à Jos n’est pas d’ordre religieux,définitivement pas. Dans les faits, les chrétiens et les musulmans n’ont pas de désaccords. La plupart des communautés sont mixtes. Si vous allez dans les familles, vous verrez, par exemple, que c’est moitié chrétiens, moitié musulmans. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de désaccord de nature religieuse, ce conflit est d’ordre politique ».

Selon ce même spécialiste, ce conflit « tire son origine de la conquête pour la suprématie du pouvoir entre deux groupes. Le premier droupe est constitué par les Haussa-Fulani qui sont venus s’installer dans la ville au début du XXe siècle. Le deuxième comporte des populations d’origine, implantées à Jos avant ces migrations. D’où des revendications territoriales de part et d’autre ».

Le professeur Chedraque Best a également souligné que « la coïncidence dans cette histoire c’est que la majorité des Haoussa est musulmane et les natifs chrétiens et cela constitue un facteur polarisant quand il est question de politique de la ville ». Selon lui, « les politiciens politisent la religion. Ils donnent une identité religieuse au politique dans le but d’arriver à leurs fins. Malheureusement, cette méthode est source de nombreux problèmes ».

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