A Paris, Saad Hariri évoque les inquiétudes libanaises

C’est à la France que le Premier ministre libanais consacre sa première visite officielle hors du Proche-Orient. À Paris, Saad Hariri dit craindre « une intervention israélienne ». La relation Liban-Syrie et les questions économiques sont également au programme de ce déplacement.

« On a mis les petits plats dans les grands » confie un diplomate français à propos de l’accueil chaleureux réservé cette semaine à Saad Hariri. Certes, entre le Liban et la France l’heure n’est plus aux rapports très personnels que l’ancien président français Jacques Chirac entretenait avec le père de l’actuel Premier libanais, Rafic Hariri, assassiné en février 2005. Mais le gouvernement libanais considère que l’actuel chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy reste un allié.

Saad Hariri est conscient également de la volonté de la France de peser dans les tentatives de règlement du conflit entre Israël et le monde arabe. Par ailleurs, la France a fait son possible pour apaiser la relation entre le Liban et son puissant voisin syrien. Apaisement illustré par la visite de Saad Hariri à Damas en décembre dernier. Alors que pour de nombreux Libanais, le régime de Bachar al-Assad porte une responsabilité dans l’assassinat de Rafic Hariri, son fils a estimé qu’il était dans l’intérêt des deux pays de renouer le dialogue.

Résolution 1701

Lors de son entretien avec son homologue français François Fillon ce jeudi, Saad Hariri a évoqué « la nécessité de mettre fin aux violations israéliennes quotidiennes » de la résolution 1701 qui a posé les conditions du cessez-le-feu après la guerre d’un mois que se sont livrés l’Etat hébreu et le Hezbollah libanais. Dans une interview au quotidien Le Monde, Saad Hariri a même dit redouter « une intervention israélienne. La semaine dernière, vingt-cinq survols de l'aviation israélienne se sont produits en une seule journée dans l'espace aérien libanais ».

Le Premier ministre libanais assure à ses interlocuteurs français que son gouvernement « est pleinement engagé à l’exécution complète » de cette résolution 1701. Pourtant, le texte onusien appelle au « désarmement de tous les groupes armés au Liban », sujet brûlant au pays du Cèdre, où le Hezbollah (qui participe au gouvernement) est à la fois un parti politique et une milice surarmée.

Huit milliards de dollars d’aide

À l’occasion de cette visite en France, Saad Hariri a signé une série d'accords de coopération bilatéraux en matière de sécurité intérieure, entraide judiciaire, éducation et recherche. Les chefs de gouvernement français et libanais ont également discuté d'une contribution française à la modernisation de l'armée libanaise.

Le Premier ministre français François Fillon a en outre assuré qu'il était prêt à « discuter » des modalités d'octroi d'un prêt au Liban consenti en 2007 et conditionné à la mise en œuvre de plusieurs réformes. « L'important c'est que cette aide soit mise en œuvre. Il y a des discussions tout à fait possibles sur le rythme, le contenu exact de ces réformes », a déclaré le Premier ministre français. En janvier 2007, à l’initiative de Jacques Chirac, trente six pays et quatorze organisations internationales avaient promis une aide de près de huit milliards de dollars au Liban, dans le cadre de la conférence dite de Paris III. Une aide conditionnée à des réformes économiques et en particulier à la privatisation de plusieurs secteurs de l’économie libanaise.

La France avait annoncé à l’époque l’octroi de 500 millions de dollars. Trois ans plus tard, 275 millions ont déjà été versés.

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