Le tremblement de terre survenu mardi à Port-au-Prince, est un coup dur supplémentaire pour Haïti considéré comme l'un des pays les plus pauvres de la planète. La précarité économique du pays ne date pas d'aujourd'hui. La majorité de la population en subit quotidiennement les conséquences. Dans ce pays de neuf millions d’habitants, 78% des Haïtiens vivent avec moins de deux dollars par jour, et les plus pauvres d'entre eux, soit 54 %, vivent avec moins de un dollar par jour, alors que 3% de la population détient la moitié des richesses du pays, contre plus de 60% des Haïtiens au chômage. Cette situation fait de Haïti le seul PMA, (le pays moins avancé) des Amériques tout en étant l’un des plus corrompus.
Entre crises politiques et catastrophes écologiques
Le pays connaît de manière récurrente une forte instabilité politique. Au cours des vingt dernières années, Haïti a subi plusieurs coups d'Etat consécutifs, des élections truquées, une corruption latente sans oublier une forte criminalité.
À cela s'ajoutent les catastrophes naturelles qui mettent à mal l'économie. Le pays a pratiqué une déforestation massive, il faut savoir que 98% des terres sont déboisées. Cette suppression de la forêt tropicale a entraîné des érosions et des inondations qui détériorent les sols les rendant difficilement exploitables et privant les habitants d'une agriculture locale.
Sans compter que 2008 a été une année très éprouvante pour l’île qui a essuyé quatre cyclones faisant près de 800 morts.
Le pays a également encaissé l'envol des prix des denrées de base, auquel s'est ajoutée une très forte hausse des carburants. Tous ces événements ont conduit aux émeutes de la faim du printemps 2008. Actuellement, un Haïtien sur quatre est nourri grâce au programme alimentaire mondial (PAM).
La fuite des cerveaux pénalise le pays
Avec une balance commerciale en déficit chronique, l'économie est en permanence sous perfusion. Les Etats-Unis sont le premier partenaire de Haïti, aussi bien en matière de commerce que d'investissements. Les relations avec la France sont en revanche beaucoup moins importantes.
Pour soutenir son économie, Haïti bénéficie d'aides massives qui proviennent essentiellement de la Banque mondiale, de la Commission européenne, et de la Banque interaméricaine de développement. Par ailleurs, cette dernière a annoncé dès mardi le déblocage d'une aide d'urgence de 200 000 dollars.
Le pays doit aussi faire face à un exode important de sa population et notamment des élites et des Haïtiens les plus diplômés. Depuis 2005, chaque année, ils sont en moyenne 12 000 à quitter leur pays. Cette migration est une tragédie, car 1 500 d'entre eux meurent chaque année en haute mer.
Cependant la migration représente un soutien pour les familles qui restent au pays. Près de 40% des foyers haïtiens dépendent de l'argent envoyé par la diaspora.
En 2008, les transferts familiaux ont atteint un milliard 800 millions de dollars, soit plus du tiers du produit intérieur brut (PIB). Malheureusement, avec la crise économique mondiale, cette source de revenus tend elle aussi à s’amoindrir. Ces rentrées d’argent pourraient avoir diminué d’au moins 30% entre 2008 et 2009.