Dans la première déclaration officielle du gouvernement angolais, après l'agression contre l'équipe togolaise de football, le ministre sans portefeuille Antonio Bento Bembe a parlé de « terrorisme ». Il a demandé à la communauté internationale - et notamment à la France - de ne pas protéger les indépendantistes. Selon lui, « rien ne peut justifier cette attaque. C’est un acte terroriste, parce qu’ils ont visé les civils. C’est dommage une telle action, et moi je dois profiter de cette occasion pour demander à la communauté internationale de condamner cette attaque et, pourquoi pas, de lancer un mandat d’arrêt contre tous ces éléments qui sont en train de mener des attaques pareilles ».
Lors d’un entretien à RFI, le ministre angolais a justifié la demande d’arrestation contre les responsables indépendantistes cabindais « parce qu’ils sont à Paris, et quand ils parlent, ils menacent tout le monde et disent que tous les étrangers au Cabinda seront atteints ».
Antonio Bento Bembe a donc demandé à Paris de ne pas protéger ceux qu'il appelle « les terroristes ». Il a visé notamment Nzita Tiago, le leader historique du Front de libération de l’enclave de Cabinda (Flec), qui a revendiqué, lundi 11 janvier 2010, pour la première fois, cette attaque.
Le leader historique des indépendantistes revendique l’attaque
Dans un entretien à RFI, lundi 11 janvier, Nzita Tiago a affirmé que ses hommes ne visaient que des objectifs militaires : « L’attaque a été effectuée par les forces du FLEC, mais pas contre les joueurs de football ». Il a également exprimé « des regrets » et a affirmé avoir présenté « des excuses aux Togolais, parce que nous ne savions pas - ou nos militaires ne savaient pas – qu’il y avait des joueurs dans le camion, le véhicule où étaient les militaires angolais. Selon les renseignements que j’ai reçus du front, l’attaque n’était pas dirigée contre les joueurs de football, parce que nous ne sommes pas contre la CAN ».
Nzita Tiago a également affirmé que « la lutte ne peut pas cesser au Cabinda, parce qu’il y a ces matches de football, dans le terrain qu’ils ont construit là-bas ». Selon le leader historique du FLEC, « la guerre ne finira au Cabinda que quand les Angolais accepteront de négocier avec les Cabindais, pour qu’ils quittent le territoire du Cabinda ».
Les corps des deux victimes, membres de l'encadrement de l'équipe nationale du Togo, ont été rapatriés dimanche 10 janvier à Lomé, en même temps que l'équipe togolaise, qui a quitté la Coupe d’Afrique des Nations. Trois jours de deuil ont été décrétés au Togo.
Les Angolais renforcent la sécurité à Cabinda
Les matches qui devaient se dérouler dans l'enclave du Cabinda ont été maintenus. La police angolaise a arrêté deux personnes, suspectées d'avoir pris part à l'attaque contre l'équipe du Togo. Des renforts de police ont été envoyés sur place. Dans la ville de Cabinda, la tension est palpable. Depuis deux jours, des hélicoptères sillonnent de façon quasi continue, à basse altitude, le ciel de la province et des camions militaires sont un peu partout.
Le gouvernement de Luanda a donc renforcé la sécurité depuis vendredi dernier. L’attaque contre le bus togolais s’est déroulée tout près de la frontière avec le Congo-Brazzaville et loin de la ville de Cabinda, sur l’océan Atlantique. Il n’y a pas eu d’autres accrochages depuis vendredi. La population semble assez détachée par rapport à ces événements. La télévision locale préfère montrer les buts de la sélection angolaise contre le Mali, dimanche soir à Luanda. Mais le climat reste, malgré tout, très tendu et, ce lundi matin, Rodrigues Mingas, l’un des responsables du FLEC-PM (Front de libération de l'Etat du Cabinda - Position militaire) a réitéré ses menaces, depuis l’Europe où il se trouve.