Au lendemain de son élection, Barack Obama avait promis une « nouvelle ère » sur le changement climatique, en s’engageant à faire de la lutte contre le réchauffement de la planète une des priorités de son mandat. « Il y a peu de défis plus urgents que de combattre le changement climatique, déclarait le président élu le 17 novembre 2008 à Chicago. Dès que je prendrai mes fonctions, vous pouvez être assurés que les Etats-Unis reprendront leur place dans les négociations mondiales ».
Un an plus tard, le temps des envolées lyriques est révolu. Barack Obama s’apprête à se rendre à Copenhague le 18 décembre, alors qu’il n’a toujours pas réussi à faire adopter une loi sur le climat par le Congrès et que l’avenir de la planète a été relégué au second plan de ses priorités.
L’attentisme des années Bush
Ce nouveau ton avait pourtant représenté une véritable révolution culturelle, après le déni et l’attentisme des années Bush. « Si on avait ratifié le protocole de Kyoto, cela aurait coûté beaucoup d’emplois à l’Amérique, lançait George Bush, lors d’un débat télévisé pour sa réélection en 2004. C’est un de ces accords qui vous rendent populaires en Europe, mais cela nous aurait coûté trop cher. » À cet argument économique, l’ancien hôte de la Maison blanche avait ajouté une bonne dose de scepticisme sur l’origine humaine du réchauffement climatique.
Initiatives locales dans les Etats américains
Malgré la position officielle de Washington, les Etats-Unis, deuxièmes pollueurs de la planète - ils ont été supplantés depuis peu par la Chine - ne sont cependant pas restés inactifs. Les initiatives locales se sont multipliées ces huit dernières années pour tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
« La Californie, par exemple, a voté une loi dès 2006 », explique Miriam Levon, consultante internationale sur le climat basée à Los Angeles. Et avant cela, il y avait eu une initiative encore plus audacieuse avec l’inventaire volontaire des émissions de gaz à effet de serre, afin que chaque société commence à prendre conscience de ce qu’elle rejette dans l’atmosphère et puisse gérer ses émissions ». Trente des cinquante Etats américains se sont aujourd’hui dotés d’un plan climat, avec des niveaux de réglementation différents. « Il existe même des alliances régionales permettant des échanges de permis de polluer », précise Miriam Levon.
Le climat relégué au second plan par Barack Obama
Aujourd’hui, les défenseurs de l’environnement ne cachent pas leur déception face au bilan climat de Barack Obama. Confronté à deux guerres, une crise économique sans précédent et un débat sur l’assurance santé qui traîne en longueur, le président américain a été contraint de revoir à la baisse ses ambitions environnementales. « Il y a une réelle conviction chez Barack Obama à vouloir agir, mais une administration qui ne s’appuie pas sur un acte législatif voté par le Congrès est en position de faiblesse », analyse Mathieu Wemaere chercheur associé à l’IDDRI, l’Institut du développement durable et des relations internationales.
Le chef de la Maison Blanche n’arrive pas complètement les mains vides à Copenhague. Avant de s’envoler pour la capitale danoise, il s’est fixé des objectifs chiffrés précis : 17% de réduction des émissions de gaz à effet de serre américaines d'ici à 2020 et par rapport au niveau de 2005. Son objectif à long terme, affirmé dès le mois d’avril, est de parvenir à une réduction de 83% par rapport au niveau de 2005 d'ici à 2050.
Le précédent de Kyoto
Mais l’obsession de Barack Obama, c’est aussi d’éviter le précédent du protocole de Kyoto, que Bill Clinton avait signé en 1997, en sachant pertinemment qu’il n’avait aucune chance d’être ratifié par un Congrès dominé par les républicains. C’est dans cette optique qu’ont été annoncées lundi, le jour de l’ouverture de la conférence de Copenhague, les conclusions de l’agence de protection de l’environnement, qui a officiellement reconnu que les gaz à effet de serre représentaient un danger pour la santé. Cette décision, anodine en apparence, est lourde de conséquence puisqu’elle oblige désormais le gouvernement à réduire les émissions. Soit par voie législative, soit, si le Congrès continue à traîner les pieds, par voie réglementaire.