Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis
Andal Ampatuan Jr est le maire d’une petite ville de Maguindanao, à l'ouest de Mindanao, et surtout le fils du gouverneur de la région. Il devait se présenter en mai prochain pour succéder à son père à ce poste. Et le convoi qui a été attaqué était justement celui de son futur opposant pour cette élection.
De nombreuses pistes désignaient déjà ce clan des Ampatuan. Les quatre survivants du massacre les tenaient pour responsables. La famille des Mangudadatu, visée par cette attaque, a depuis le début accusé ce clan, car ceux-ci menaçaient depuis plusieurs mois de les tuer s’ils se présentaient contre eux aux élections. Et puis, il y a surtout le bulldozer qui a été utilisé pour enterrer les victimes et qui porte le nom du gouverneur Ampatuan, gravé sur le flanc de la machine.
La gestion de cette affaire reste cependant très délicate pour le gouvernement. Celui-ci n’a qu’un contrôle limité sur la sécurité dans l’ouest de Mindanao, et il n’a pas envie de déclencher un conflit armé contre ces chefs de guerre. Et surtout, le clan des Ampatuan est un allié politique fidèle et stratégique de la présidente Arroyo dans la région sur qui elle pourrait compter pour les élections nationales de mai prochain.
La communauté des médias est sous le choc
Des messes sont organisées dans le sud du pays ainsi que des défilés de protestation composés de journalistes vêtus de noir. Car avec au moins treize journalistes tués au cours de l'attaque, on a affaire à la plus grande tuerie de journalistes dans l’histoire moderne.
Le secrétaire général de l’ONU a personnellement appelé à ce que toute la justice soit faite sur ces assassinats. L’Union européenne a également fortement condamné cet acte. Toute cette pression pourrait forcer le gouvernement d’Arroyo à abandonner ses anciennes alliances et à poursuivre réellement les Ampatuan en justice.