Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis
Le massacre de ce lundi porte un nom aux Philippines : un rido. Les ridos sont des affrontements entre des familles musulmanes de Mindanao. A l'origine de ces conflits il peut y avoir des raisons d’honneur, des litiges pour des terres, ou encore, et c'est le cas ici, des rivalités politiques. Les deux clans en question s’affrontent pour l’élection au poste stratégique de gouverneur de la province de Maguindanao, à l’ouest de Mindanao.
Depuis 2001, c’est le clan des Ampatuan qui détient pratiquement tous les postes de la province, jusqu’aux mairies. Et lors de toutes les élections précédentes, personne n’osait s’opposer à eux, de peur d’être tué. C’est pourtant ce que le clan des Mangudadatu a l’intention de faire, et c’est ce qui a déclenché cette guerre, comme l’explique Marites Vitufg, rédactrice en chef du magazine Newsbreak, et spécialste de la question. « C’est un massacre comme nous n’en avons jamais vu. Des personnes extérieures au clan ont été assassinées, des journalistes, aussi. Cela viole les règles du rido, et cela montre le désespoir du clan Ampatuan. Car le gouverneur actuel ne peut plus se représenter, et aucun membre de sa famille ne semble capable de le remplacer. Nous nous attendons à une vengeance de la part de l’autre clan. Et cela peut devenir une guerre difficile à stopper jusqu’aux élections.»
Le ministre de l’Intérieur a assuré que l’enquête sera impartiale. Mais cela sera délicat à gérer, car le clan Ampatuan est justement le plus fidèle allié de la présidente actuelle dans la région et un appui essentiel pour les élections nationales de mai prochain.