Séisme au Népal: pour les sinistrés, le calvaire continue

Des scènes aux tristes airs de déjà-vu. Les sauveteurs s'activent, les survivants campent dans les rues et les ruines s'ajoutent aux ruines. Le Népal a subi mardi 12 mai un nouveau tremblement de terre, après le séisme du 25 avril dernier. Une nouvelle secousse violente de magnitude 7,3 qui a fait un peu plus de 80 morts selon un dernier bilan, dont 65 au Népal, 17 en Inde ainsi qu'une personne au Tibet, chez le voisin chinois.

Des milliers de Népalais ont repassé une nouvelle nuit dehors, entre mardi et mercredi, rapporte notre correspondant régional Sébastien Farcis. Ce dernier a pu joindre, à Katmandou, des Népalais rencontrés lors de ses différents reportages sur place après le premier séisme, qui avait fait plus de 8 000 morts et près de 18 000 blessés il y a moins de trois semaines.

Comme lors du premier séisme le 25 avril dernier, les habitants ont dormi en plein air, dans la rue, après le second séisme de mardi. Ils ont installé les matelas dans le jardin ou sur les trottoirs, dressé des tentes au-dessus de leurs têtes et dormi à la belle étoile. Avec un sentiment accru de découragement. La vie commençait à peine à reprendre des airs de normalité, les Népalais venaient de retourner au travail, et de nouveau, il faudra tout recommencer.

De secousses en répliques, la population se prépare à ne pas dormir dans les maisons qui restent encore debout pendant au moins trois jours, de peur qu'elles ne s'effondrent. Depuis la première secousse de mardi midi, 12 répliques supérieures à 4 sur l'échelle de Richter ont fait trembler la terre népalaise. La situation est particulièrement grave là où se situe l'épicentre, à 76 km de Katmandou. Une région qui avait déjà été durement frappée par le premier tremblement de terre.

« Tout le monde devra donc être relogé »

Les modestes ressources de l'Etat népalais, engagées dans le déblaiement des bâtiments touchés par le premier séisme, doivent désormais être consacrées à la recherche et au sauvetage des victimes du second séisme. « Nous nous étions concentrés sur la distribution d'aide, mais depuis hier nos ressources sont déployées à nouveau sur des opérations de recherches », a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur népalais.

Nayan Sindhuliya, jeune écrivain de la classe moyenne de Katmandou, fait partie d'un groupe surnommé le Yellow House, qui avait réagi dès le lendemain du premier séisme pour aider les sinistrés. Symbole de l'abattement qui mine désormais le Népal, aujourd'hui, même lui se sent découragé. « Le séisme d'hier nous a fait perdre toute confiance, avoue-t-il à notre correspondant. Comme la première fois, ce sont les deux districts de Sindhou Palchok et Dolakha qui ont été les plus touchés. »

Nayan a lui aussi recommencé à dormir dehors. « Les dégâts matériels pourraient être encore plus importants qu'après le premier séisme, car les maisons fragilisées se sont cette fois écroulées. Dans ces deux districts, il n'y aura plus rien debout et tout le monde devra donc être relogé. Je n'ai plus la force de travailler aujourd'hui. Nous nous y remettrons sûrement demain, s'il n'arrive rien aujourd'hui », confie-t-il, à bout.

« Faire face avec patience et courage »

Près de Charikot, dans l'est du pays, un hélicoptère militaire nord-américain qui participait aux opérations de sauvetage après le premier séisme a disparu. Six Marines étaient à son bord, ainsi que deux militaires népalais. L'armée népalaise tente de localiser l'appareil.

Le ministre de l'Intérieur redoute de nouvelles victimes dans le district de Dolakha. Deux importants immeubles endommagés par le premier séisme sont par ailleurs tombés mardi dans la capitale. Des glissements de terrain sont signalés dans les zones les plus affectées, notamment dans la région de Gorkha proche de l'épicentre du séisme du 25 avril. « Il nous faut faire face avec patience et courage », a déclaré le Premier ministre Sushil Koirala ce mardi.

La Croix-Rouge fait état de nombreuses victimes potentielles à Chautara (district de Sindhou Palchok) où elle gère un hôpital de campagne. « Des dizaines de personnes sont soignées pour des blessures et plus d'une dizaine ont subi une intervention chirurgicale », a indiqué sa porte-parole Nicola Jones à l'Agence France-Presse. « On a deux hôpitaux de campagne ; un qui est de la Croix-Rouge norvégienne, et un autre de la Croix-Rouge canadienne, dans une autre région à côté de Dhunchet », explique à RFI Benoît Carpentier, porte-parole de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

La mousson ne facilitera pas la tâche

Les hôpitaux de la Croix-Rouge « se sont mis tout de suite en place pour pouvoir accueillir les patients qui arrivaient, ajoute M. Carpentier. Les personnels de la Croix-Rouge népalais, eux, ils ont repris un peu plus d’activités de premier secours... Et sur les nouveaux bâtiments qui ont pu être détruits, on a encore une vision assez pauvre de l’étendue des dégâts. C’est vrai que l’avantage, si on peut parler comme ça, c’est qu’on a déjà des équipes qui sont sur place avec des hôpitaux qui sont fonctionnels, des structures assez conséquentes. »

Benoît Carpentier ne le cache pas, « c’est mentalement fatiguant ». « Il y a eu des inondations, encore la semaine dernière, du côté de Chautara, donc ça complique encore plus la tâche. Et il faut faire le plus vite possible parce qu’il y a des villages qui vont être complètement isolés dans très peu de temps à cause de la mousson»

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