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Le général Prayuth Chan-ocha a fait cette annonce à la télévision, après une réunion avec les différentes factions politiques thaïlandaises, visant à trouver une solution après six mois de crise et de manifestations antigouvernementales, qui ont fait 28 morts. Depuis l'instauration mardi par l'armée de la loi martiale dans le pays, aucun décès, aucune violence n'avait été enregistrée.
C'est durant cette réunion que les leaders des partisans du gouvernement, ceux qu'on appelle les « chemises rouges », ont été arrêtés, tout comme le leader du parti d'opposition, Suthep Thaugsuban. Puis le général a annoncé qu'il prenait le contrôle direct du gouvernement. Les ministres destitués, à commencer par le premier d'entre eux, ont reçu l'ordre de se présenter au Conseil avant la fin de la journée. Selon notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus, les rues de la capitale Bangkok se vont vidées immédiatement après l’annonce du coup d’Etat.
« Pour ramener le pays à la normale »
Toutes les chaînes de télévision ont été coupées et diffusent de la musique militaire. Des soldats ont investi les locaux de plusieurs journaux, quand d'autres sont partis sur le site de manifestations. Le site des partisans du gouvernement s'est vidé, mais les opposants, eux, tiennent à rester sur le site qu'ils occupent.
Au sein de l’université Thammasat, dans le quartier historique de Bangkok, un rassemblement d'une cinquantaine d'universitaires et de militants contre la loi martiale s'est rapidement transformé en une manifestation pour s’opposer à la prise du pouvoir par les militaires.
« Je suis dégoutée, nous sommes là rassemblés pour demander que les militaires soient écartés de la politiques », explique FaySuwathana, une universitaire. Elle demande un retour au processus électoral et aux « valeurs fondamentales et démocratiques. Avec le coup d'Etat, explique-t-elle, le pays ne pourra pas être en paix, et pour longtemps. Nous allons nous battre jusqu'au bout, jusqu'à ce que nous récupérions nos droits démocratiques. »
Dans la soirée, les militaires ont dispersé les manifestants pro-gouvernementaux et anti-gouvernementaux, parfois en tirant des coups de feu en l’air. Encore un peu plus tard, des proches de l'ancien Premier-ministre Thaksin Shinawatra ont été convoqués par le régime militaire.
Couvre-feu
La justification du général Prayuth pour opérer ce coup d'Etat est d'empêcher l'augmentation des violences. Il semble que la réunion se soit très mal passée. Chacune des parties est restée sur sa position, n'a pas voulu proposer de compromis. Le général, déçu, a agi en conséquence.
Ce coup d'Etat militaire est mené « pour que le pays revienne à la normale », a affirmé Prayuth Chan-ocha lors de son intervention télévisée. Cette prise de contrôle - qui prend effet « à partir du 22 mai à 16H30 (9 h 30 TU) » - n'affectera pas les relations extérieures du pays, a encore affirmé le général.
Un couvre-feu a été instauré, et il est désormais interdit de quitter son domicile entre 22 h et 5 h du matin (15 h - 22 h TU). Le nouveau conseil militaire en charge du pays a interdit les rassemblements de plus de cinq personnes.
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L'armée prend donc le pouvoir, pour la 19e fois en moins d'un siècle. Les élections prévues le 20 juillet prochain devraient logiquement être annulée. Reste à voir si l'armée, traditionnellement proche des « chemises jaunes », répond à leurs attentes en mettant en place le gouvernement technique qu'elles appelaient depuis des mois de leurs voeux pour remplacer un gouvernement qui, comme elles le désiraient, vient de perdre le pouvoir.