De notre correspondant à Séoul,
Le modèle sud-coréen repose, comme dans beaucoup de pays, sur le fameux triptyque « tester, tracer, traiter » qui est la règle. Mais tout y réside dans le traçage : c’est cela le grand succès des autorités coréennes. Elles en sont si fières qu’elles ont même appelé leur modèle « K Bang Yok ».
Pendant 11 mois, grâce à des enquêtes épidémiologiques aux moyens quasi policiers, les chaînes de contamination ont été minutieusement rompues. L’expérience du pays face à d’autres coronavirus - le MERS ou le SRAS - leur ont permis de réagir rapidement. Quatorzaine à l’entrée du pays, dépistage ciblé, communication transparente afin de mobiliser la population, autant de moyens qui ont permis de garder le nombre d’infections quotidiennes en dessous de 1 000… cela jusqu’au dimanche 13 décembre
Troisième vague avec des foyers plus nombreux qui échappent au traçage
Auparavant les cas étaient limités à des foyers précis, des villes comme Daegu, au sein de sectes, ou des boîtes de nuit. Mais depuis, le virus s’est répandu dans l’intégralité du pays et se diffuse à travers des foyers plus nombreux, mais plus restreint en taille. De plus, la majorité des nouveaux cas se trouve dans la partie urbaine de Séoul, la zone la plus densément peuplée, celle où habite la moitié de la population du pays.
Autant de facteurs qui font que les traceurs sont moins efficaces. Et les statistiques le montrent : près de 20 % des cas échappent au système de traçage sud-coréen, alors que ce chiffre a longtemps été aux alentours des 5 %.
Tester les 9 millions de Séouliens
Face à cette hausse, les autorités veulent trouver ces cas d’asymptomatiques qui échappent aux radars de l’administration. La priorité est donnée alors aux tests gratuits et anonymes afin d’inciter la population à se faire dépister : ils étaient jusqu’ici réservés aux cas-contacts ou aux personnes présentant des symptômes.
Depuis le début de semaine, 150 nouveaux centres de dépistages provisoires ont été ouverts dans la région du grand Séoul et le maire vient d’y annoncer son ambition de tester les 9 millions d’habitants de la capitale. Pour y parvenir, plusieurs centaines de militaires et de policiers sont venues renforcer le personnel sanitaire, ainsi que les équipes d’enquêteurs.
Quant aux restrictions sanitaires elles sont déjà proches du niveau maximal, avec les restaurants fermés à 21h, les rassemblements interdits au-delà de 25 personnes et l’école se fait à distance, de la primaire au lycée, dans le grand Séoul, et ce, depuis le début de semaine.
Le gouvernement semble préparer petit à petit la population à ce qui devrait ressembler à un inévitable quasi-confinement. Cela afin d’éviter l’effondrement de son système de santé qui a jusqu’ici bien résisté à la pandémie.
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