Coronavirus en Indonésie: des grévistes bloquent l'accès à la plus grande mine d'or du monde

Depuis ce lundi, un millier d’ouvriers ont débrayé pour protester contre leur condition de travail dans le complexe de Grasberg, également une mine de cuivre, en ces temps de coronavirus. Certains n’ont pas pu quitter la mine de Papouasie occidentale, dans l'Est indonésien, depuis le début de l’épidémie. Les ouvriers continuent de négocier avec l'exploitant américain Freeport.

Avec notre correspondante en Asie du Sud-Est, Gabrielle Maréchaux

Ce sont des images rares, capturées par le téléphone d’Aser Gobaï, syndicaliste en Papouasie Occidentale. On y voit des mineurs, casques et gilets de protection encore sur eux, rejoindre la ronde d’une waïta, danse de la tribu Amungme, traditionnellement exécutée avant de partir au combat ou comme gage de résistance. Derrière eux, la brume rappelle la haute altitude de l’entrée de la mine Grasberg située à plus de 4000 mètres.

Car même avant la pandémie de coronavirus qui a fermé les frontières de la Papouasie Occidentale, cette province indonésienne restait déjà très difficile d’accès pour les journalistes étrangers et la mine Grasberg, exploitée par l’entreprise américaine Freeport encore plus, gardée comme une forteresse par l’armée indonésienne. 

Ce lundi 24 août 2020, les ouvriers du plus grand tas d’or du monde ont débrayé après plusieurs mois de conditions de travail difficiles en ces temps de coronavirus, nous explique Aser Gobaï. « Les travailleurs ont deux revendications : la première concerne la réglementation en vigueur en ces temps de pandémie : les travailleurs ont dû rester sur le site de la mine pendant six mois et n’ont pas pu aller voir leur famille, même si la femme ou l’enfant de l’un d’entre eux, à Timika, était décédé car il n’y avait plus de bus pour qu’il puisse y aller. 

Ensuite, poursuit-il, les travailleurs ont aussi bloqué spontanément la route de la mine car ils estiment que la direction de Freeport n’est pas à la hauteur des exigences nécessaires en ces temps de pandémie, dans les procédures mécaniques de la mine, et ils se sentent négligés. »

Dépossession des terres ancestrales 

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de l’entreprise américaine -qui est le plus grand contribuable de l’Indonésie- a assuré  d'« étudier » les demandes des travailleurs. 

Un consensus et un retour au travail qui semble plus que jamais nécessaire pour remplir les objectifs ambitieux que s’est fixée l’entreprise début 2020 en annonçant par communiqué vouloir augmenter ses volumes de cuivre et d'or de 30 à 40%.

Mais du côté des tribus Amungme et Kamoro, habitants originels de ces sommets brumeux, la mine reste le symbole de la dépossession des terres ancestrales transfigurées pour l’extraction des minerais.

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