La mouvance prodémocratie à Hong Kong a encaissé ce vendredi 31 juillet une nouvelle gifle avec le report des législatives en raison de la progression de l'épidémie de coronavirus dans la cité, au terme d'un mois marqué par la disqualification de leurs candidats, des arrestations d'étudiants et le départ en exil de figures de l'opposition.
Lors de son discours, Carrie Lam a déclaré qu'il s'agissait de « la décision la plus difficile de ces sept derniers mois ». Ce report a été décidé afin de préserver la santé des habitants, a-t-elle justifié, précisant que le scrutin était désormais fixé au 5 septembre 2021. Problème : la loi fondamentale ne permet qu'un report maximal de 14 jours.
Une annonce redoutée
Si l’annonce n’a pas vraiment surpris, elle est très mal prise par le camp de l’opposition, qui soupçonnait déjà le gouvernement de vouloir utiliser la crise du Covid-19 comme une excuse pour annuler le scrutin de septembre où le gouvernement risquait, tout simplement, une cuisante défaite, explique notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy.
S'il est vrai que Hong Kong connaît depuis peu un nombre record de nouveaux cas de Covid-19, et que d'autres pays ou régions ont également retardé leurs scrutins pour cause d'épidémie, l'argument sanitaire pour justifier l'annulation des élections a manqué de convaincre. La situation sanitaire à Hong Kong est loin d'être catastrophique. Pour 7 millions d'habitants, la région administrative spéciale n'a encore enregistré que 27 décès à ce jour.
Carrie Lam a aussi utilisé l'excuse selon laquelle le centre de convention qui devait servir de centre de dépouillement venait d'être transformé en hôpital de campagne alors que Hongkong dispose évidemment d'autres lieux d'accueil potentiel d'un centre électoral. La population est donc déçue et en colère car elle estime que son droit de vote lui a été confisqué.
Certains Hongkongais craignent aussi qu'il n'y ait tout simplement plus jamais d'élections ou alors que le gouvernement profite de cette année sans Parlement pour verrouiller encore plus le système électoral en sa faveur au point que les élections, quand elles auront lieu, n'auront plus aucune valeur représentative.
Ce vendredi, avant l'annonce, 22 députés de l’opposition avaient d'ailleurs publié un communiqué affirmant que repousser les élections équivaudrait, en quelque sorte, à un coup d'État et que cela créerait une crise constitutionnelle qui risquerait de remettre en cause tous les fondements de la région administrative spéciale.
Soutien de Pékin, condamnation de Washington
Pékin, de son côté, a immédiatement exprimé son soutien au report. « Ceci est nécessaire, raisonnable et légal », a déclaré le Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, dans un bref communiqué. « Le gouvernement central comprend totalement cette décision et la soutient. »
La Maison Blanche a, en revanche, condamné ce report des élections législatives à Hong Kong, jugeant que cette décision affaiblissait « le processus démocratique ». Pour Washington, cette décision est « la dernière d'une longue liste de promesses non-tenues par Pékin qui avait promis l'autonomie et le respect des libertés aux habitants de Hong Kong ».
Espoirs des prodémocratie
Après la victoire écrasante qu’elle a remportée aux élections de district, en novembre dernier, et après une année de manifestations, l’opposition comptait sur ce scrutin pour gagner au sein du Parlement la représentation dont elle dispose dans la société.
Les primaires du camp démocrate, il y a deux semaines, avaient été aussi un grand succès.
Mais depuis, les nuages s'amoncellent de nouveau au-dessus de l'opposition. Jeudi, les autorités ont annoncé l'invalidation de la candidature de 12 militants prodémocratie à ces élections, et des arrestations ont eu lieu dans les milieux étudiants.