Malgré le coronavirus, les Japonais fêtent les cerisiers en fleurs

Au Japon, où aucun confinement n'a encore été imposé, les cerisiers sont en fleurs et les autorités sont inquiètes. La tradition veut que les Japonais célèbrent cette floraison en festoyant sous ces arbres. Or, de tels rassemblements risquent évidemment de propager le virus. Beaucoup de localités ont donc décidé de les interdire et cette décision passe mal dans l'opinion.

Avec notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval

Au printemps dernier, 4 millions de Japonais avaient fait la fête sous les 800 cerisiers – sublimes – de Ueno, le Central Park de Tokyo. Mais cette année, on peut juste s'y promener : les pique-niques ne sont pas autorisés.

Cela désole beaucoup de gens, à l'image de cette jeune Tokyoïte qui s'était préparée à la fête : « C'est sans doute plus prudent d'interdire ces réjouissances. Mais, moi, cela faisait un an que je les attendais ! Cela me rend extrêmement mélancolique ».

Même « mélancolie » chez cette autre Japonaise : « Les Jeux olympiques de Tokyo, qui n'auront sans doute pas lieu cet été, et puis maintenant cette interdiction de faire la fête... 2020 est décidément une année terrible. Cela dit, vu le contexte sanitaire, je peux comprendre cette décision ».

« Notre liberté d'aller et venir »

Certains s'inquiètent surtout de la limitation de leurs libertés individuelles. « Le virus me fait moins peur que ces atteintes grandissantes à notre liberté d'aller et venir », nous confie une passante.

Les policiers quadrillent Ueno pour faire respecter l'interdiction. Mais ils ne peuvent pas surveiller tous les parcs. Aussi beaucoup de Tokyoïtes bravent-ils la consigne. « Ne pas faire la fête sous les cerisiers en fleurs, ça me paraît juste inimaginable ! », tonne un Tokyoïte.

« L'âme de la culture japonaise populaire »

« C'est le seul moment de l'année où on est autorisés à se lâcher, à boire comme des trous, à dire plein de bêtises, ça n'a pas de prix ! », s'exclame un autre. « En plus, c'est si beau les cerisiers en fleurs au crépuscule ! »
Un dernier conclut : « Célébrer le printemps sous ces arbres, ça, c'est vraiment l'âme de la culture populaire japonaise ».

Même pendant la Seconde Guerre mondiale, ces banquets bucoliques n'avaient pas été interdits.

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