Hong Kong: cap sur des élections de district souhaitées par les deux camps

Le siège de l'université polytechnique de Hong Kong se poursuit, ce jeudi 21 novembre. Quelques dizaines de militants pro-démocratie restent retranchés sur le campus. Dans ce contexte, des élections de district doivent se tenir dimanche.

Avec notre envoyé spécial à Hong Kong,  Stéphane Lagarde

La date du scrutin sera maintenue. Les électeurs de Hong Kong ont rendez-vous dimanche 24 novembre pour les traditionnelles élections de district, un scrutin local. C’est en tous cas ce que souhaitent Pékin et l’exécutif hongkongais, si toutefois de nouvelles violences ne viennent pas perturber les opérations.

Les pro-establishment comme les pro-démocratie ont intérêt à ce que ces élections soient maintenues. Il s’agit certes d’élire de simples conseillers de district, mais ces élections locales sont l’un des rares moments pour les Hongkongais de s’exprimer en dehors de la rue. La mobilisation pourrait donc être importante.

Les Hongkongais ont un message à faire passer. C'est par exemple le cas de Nelson Chan, cadre commercial dans les technologies de l'information, rencontré ce mercredi à la désormais traditionnelle manifestation de la pause déjeuner, dans un centre commercial à proximité des tours de bureaux où il travaille.

Chemise cravate et masque en papier, Nelson analyse : « Je pense que beaucoup de militants pro-démocratie iront voter, car ce vote est aussi un moyen de dire que nous nous battons pour la liberté. Les autorités chinoises disent que les Hongkongais soutiennent le gouvernement, on va leur dire que c’est faux. »

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Dans ce centre commercial, les cols blancs chantent l'hymne hongkongais dans le calme. Mais d’autres scènes pourraient donner lieu à de nouveaux incidents avant le scrutin. Comme dans les territoires du nord-est, près de la frontière chinoise, où une manifestation devait avoir lieu en fin d’après-midi ce mercredi.

C'est donc tout de même un scrutin sous tension qui se profile. Ce mercredi matin dans les journaux de la région administrative spéciale de Hong Kong, le visage d’un policier, un sergent au visage balafré. Il a été attaqué au rasoir après avoir tenté d’empêcher un homme de 72 ans d'arracher des affiches électorales.

Mercredi, la Chambre des représentants des États-Unis a largement adopté un texte, voté à l'unanimité par le Sénat la veille, qui rappelle le soutien de Washington aux droits de l'homme et à la démocratie à Hong Kong, et menace de retirer le statut économique spécial dont bénéficie ce territoire si son autonomie est limitée.

Voilà qui ne devrait pas plaire à Pékin, qui menace déjà de représailles. Mais pour l'heure, c'est surtout la Bourse de Hong Kong qui plonge. Les investisseurs s'inquiètent de voir cette initiative du Congrès menacer les efforts consentis pour finaliser un accord sur le différend commercial sino-américain.

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Dans le territoire autonome, une cinquantaine de manifestants pro-démocratie resteraient par ailleurs retranchés sur le campus de l'université polytechnique (PolyU), pour la quatrième journée d'affilée et alors que leurs conditions de vie se détériorent. Ceux qui n'arrivent pas à s'évader sont arrêtés.

Les personnes interpellées risquent-elles d'être emmenées sur le continent pour y être jugées ? Le témoignage d'un ex-employé du consulat britannique à Hong Kong, qui dit avoir été torturé en détention à Shenzhen cet été, et qui ajoute avoir vu d'autres Hongkongais dans le même centre que lui, pourrait le faire croire.

Selon Michel Bonnin, expert de la Chine à l'EHESS, il s'agit là plutôt de jeunes Hongkongais qui s'étaient rendus de leur propre gré en Chine, et qui ont été forcés d'ouvrir leurs portables pour vérifier s'ils avaient manifesté. Le sinologue estime que Pékin préfère que les gens arrêtés à Hong Kong soient jugés sur place.

« Je ne pense pas que les jeunes qui sont arrêtés aujourd’hui à Hong Kong risquent d’être massivement envoyés en Chine, confie-t-il sur RFI. Non, ce serait vraiment un déni total de la promesse "un pays, deux systèmes". Cela m’étonnerait beaucoup, beaucoup. Ce serait la mort de Hong Kong. »

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