Avec notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy
S’il fallait citer un nom dans ce mouvement qui se revendique sans leader, ce serait sans doute celui de Edward Leung, ou Leung Tin-kei en cantonais, étudiant en philosophie jusqu’à son engagement en politique et son rôle dans les émeutes violentes du Nouvel An chinois de 2016 qui lui a valu six ans de prison.
À Hongkong quelques centaines de manifestants ont passé la nuit devant la Haute Cour à Admiralty, simplement pour avoir une place dans la salle d’audience où il devait comparaître. Le jeune leader et ancien porte-parole d’un parti politique localiste entendait faire appel de sa condamnation prononcée l'an dernier pour son rôle de leader dans l’émeute dite « des boulettes de poisson » alors qu'il avait 24 ans.
« C’est le pionnier des nouvelles manières de manifester »
Mercredi, parmi les centaines de jeunes qui ont séché les cours ou ont pris un jour de congé pour lui témoigner leur soutien lors de sa comparution devant la Haute Cour, Jon et Cindy expliquent le rôle d’Edward Leung. « Il a inspiré beaucoup de gens pour arrêter les manifestations pacifiques. » « Cela fait déjà plus de 20 ans que les manifestations paisibles ne nous ont rien apporté. Lui, c’est le pionnier des nouvelles manières de manifester. Pas selon les règles imposées par le gouvernement, mais en ayant recours à nos propres moyens pour atteindre notre but. »
Pourtant en 2016, il n’a pas été compris. Brahim, étudiant d’origine pakistanaise, rappelle un autre aspect important de l’influence de Edward Leung : « Le slogan "Libérer Hongkong, révolution de notre temps" vient de lui. Maintenant, les gens ont enfin compris qu’il avait raison ! »
Pour de nombreux manifestants de 2019, Edward Leung n’est rien de moins qu’un héros visionnaire.