« Protégeons Cho Kuk ! », « Réformons le parquet ! » Deux jours après que des militants conservateurs critiques à l’égard du président libéral Moon Jae-in sont descendus dans le centre-ville de Séoul pour demander la destitution du ministre de la Justice, ce fut au tour de ses soutiens de donner de la voix ce samedi.
Bougie à la main, ils ont été 3 millions, selon les organisateurs, à se rassembler devant le parquet de Séoul. « Nous sommes ici, car nous voulons une réforme du parquet pour une société plus juste. Cho Kuk est quelqu’un d’honnête, c’est la bonne personne pour mener à bien cette réforme », estime Park Seul-gi, une étudiante de 22 ans, au micro de notre correspondant Louis Palligiano.
Entré en fonction début septembre comme ministre de la Justice, Cho Kuk a pour mission de réformer le parquet. Mais depuis un mois et demi, il est, avec sa famille, au cœur d'un scandale de triche et de corruption qui polarise de plus en plus la société coréenne. Les représentants du parquet enquêtent sur des soupçons de corruption dans l'obtention de marché public, tandis que sa fille est accusée d'avoir triché pour entrer à l'université.
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Le ministre de la Justice se trouve ainsi dans le collimateur d'une institution qu'il veut réformer. Pour Han Seong-chun, un employé d’une cinquantaine d’années, il est urgent de limiter les pouvoirs des procureurs : « Les procureurs sont trop puissants. Ils ont tous les droits pour enquêter et inculper. C’est une sorte de mafia. »
Si le rassemblement voit son nombre de participants augmenter chaque semaine, les rangs des contre-manifestants qui appellent à la démission de Cho Kuk grossissent également. Ils étaient 300 000 ce samedi, selon les organisateurs. Parmi eux, Kim Sang-deok, un commerçant à la retraite. « Nous voulons la destitution du président Moon et aussi de Cho Kuk. Il a commis beaucoup d’irrégularités, alors nous nous opposons. » La vive controverse entourant Cho a accentué les querelles politiques dans le pays et s’impose désormais comme une question clef à l’approche des élections législatives prévues l’année prochaine.