Avec notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy
Une assemblée publique a été improvisée mercredi soir, pour commémorer cet accident dans le quartier du jeune lycéen, à quelques blocs de la rue où la confrontation tragique a eu lieu.
Le rendez-vous a été donné sur le terrain de sport, entouré de grillages puis de gratte-ciels et de centres commerciaux, au cœur de Tsuen Wan, l'une de ces villes nouvelles des nouveaux territoires de Hong Kong. Les participants tiennent des panneaux « Ne tirez pas sur nos enfants ».
L’artiste de théâtre Monkey explique sa participation à ce rassemblement : « Hier, ici, un jeune a été touché par une balle de la police à 3 cm de son cœur, tellement près ! Donc, cela l’a presque tué. Et à 16h aujourd’hui, la police, pendant sa conférence de presse, a dit que ce qu’elle avait fait était correct, de tirer sur un jeune ! C'est pour cela que nous sommes tous ici, et c’est ici qu’est le pouvoir ! »
Amanda est institutrice dans une école voisine. Elle se sent concernée, comme tous les Hongkongais, dit-elle : « Je considère que ce qui s’est passé est totalement inacceptable. La police et le gouvernement doivent assumer la responsabilité de cet accident, qui viole toutes les lois et toutes les règles de Hong Kong. »
D’autres rassemblements spontanés ont eu lieu ailleurs à Hong Kong. Mais comme à Tsuen Wan, il y a ensuite eu des confrontations avec la police. Les Hongkongais sont de plus en plus nombreux à réclamer une dissolution totale de leur force de police, dans laquelle ils n’ont plus aucune confiance.
De nouvelles manifestations sont prévues ce week-end. Dans cette perspective, les autorités s’apprêtent à faire passer une nouvelle mesure. Elle vise à bannir les masques de l’espace public. Le texte est en préparation. Il devrait être adopté demain.
Le port des masques bientôt interdits
Cette nouvelle loi signifie pour les manifestants qu’il leur sera désormais purement et simplement impossible de dissimuler leur visage pendant les manifestations. C’est ce que demandaient depuis des semaines les partis politiques pro-Pékin.
Ces masques sont devenus l’un des symboles du mouvement de contestation, raconte l'envoyé spécial de RFI, Vincent Sourriau. Cela n’est pas réservé aux militants les plus radicaux, tout le monde en porte dans les cortèges. Peut-être 95 % des manifestants. Le plus souvent, ce sont des masques chirurgicaux, comme on en voit dans les hôpitaux. Cela ne sert à rien, face aux gaz lacrymogènes.
Mais ils sont simplement devenus une manière de s’identifier comme protestataire, y compris pour des familles, des personnes âgées, des citoyens lambda, une sorte d’uniforme qui permet à tout le monde de s’engager, tout en restant anonyme.
Le but des autorités c’est, bien sûr, de lever cet anonymat. Le gouvernement se repose sur une très vieille loi coloniale de 1922, selon laquelle en cas de trouble à l’ordre public, il peut prendre toutes les mesures nécessaires et cela peut aller jusqu’au couvre-feu. Mais on n’en est pas encore là.
En revanche, Carrie Lam veut aller très vite. Cet arrêté devrait être pris dès demain par ordonnance, ce qui permet d’éviter, au moins dans un premier temps, le passage devant les élus de l’Assemblée législative de Hong Kong.
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