Avec notre envoyé spécial à Hong Kong, Vincent Souriau
La manifestation vient de commencer, ils sont déjà des milliers dans la rue, en plein centre de Hong Kong. Dans le calme, mais ça ne pouvait pas durer : hélicoptères et gaz lacrymogènes voltigent en tous sens. La police essaie d’interrompre la manifestation, qui se tient sans l’autorisation du gouvernement.
« J'ai trop peur »
« Je ne m’attendais pas du tout à ça, déclare un manifestant. On a le droit de manifester et de donner notre avis. Regardez les boutiques ; rien n’est cassé, toutes les vitrines sont intactes ; la police, je ne sais pas ce qui leur prend. Moi j’ai trop peur, je ne les regarde même plus dans les yeux, ils sont beaucoup trop agressifs. Ils devraient être là pour nous protéger, pas pour nous faire peur. »
Le cortège continue sa route. Il y a trop de manifestants. La police est débordée, incapable de mettre fin au rassemblement. « On veut se battre pour la liberté et la démocratie à Hong Kong parce qu’on a vu ces derniers mois que nos dirigeants n’étaient pas responsables devant le peuple. Ils ne répondent qu’au gouvernement chinois. Aujourd’hui, on a pas l’autorisation de manifester, mais on doit dépasser nos peurs et défendre nos droits », indique encore cette autre personne.
Cinq doigts
Ils ont tous la main levée, la paume en avant, les doigts écartés. Cinq doigts, comme les cinq piliers du mouvement, dont le retrait total du projet d’extradition, la fin des violences policières, des élections démocratiques…
► TÉMOIGNAGE
Nouvelle donne: le tour de vis policier
Le maintien de l’ordre a grimpé d’un cran à Hong Kong ces dernières semaines. La police déploie de plus en plus tôt des moyens de plus en plus lourds dans les manifestations. Herman Yiu fait partie d’un collectif d’élus locaux de Hong Kong qui tentent de contrôler l’action des forces de l’ordre.
« Ces derniers temps, on avait déjà constaté des tirs récurrents de gaz lacrymogène, y compris au visage, ce n’est pas une nouveauté. En termes de maintien de l’ordre, ce qui a changé, c’est le nombre de balles que la police a tiré, que ce soit du caoutchouc ou du sable. Beaucoup plus que d’habitude. Mais le plus grave, ce sont les infiltrations et les arrestations arbitraires. D’un côté, on a repéré plusieurs groupes de policiers qui se faisaient passer pour des manifestants et on ne sait pas de quoi ils ont capables. De l’autre côté, il y a de plus en plus d’arrestations arbitraires, des passants, des civils qui n’ont rien à voir avec le mouvement. Ça s’aggrave. C’est lié au 1er octobre, les autorités veulent créer la terreur pour faire fuir le grand public et éviter qu’un rassemblement massif ait lieu la semaine prochaine, le jour des 70 ans de la Chine populaire. »
V.S