Présidentielle-Afghanistan: vers un nouveau duel Ashraf Ghani-Abdullah Abdullah

En Afghanistan, les bulletins de vote vont commencer à être collectés à travers le pays au lendemain du scrutin présidentiel. Près de dix millions d’électeurs étaient appelés à s’exprimer dans les urnes. Les talibans avaient prévenu qu’ils feraient tout pour entraver le processus électoral. Plusieurs explosions ont eu lieu dans le pays.

Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali

Ce sont 5 personnes qui ont été tuées, et 76 autres blessées hier, samedi 28 septembre, en Afghanistan lors du premier tour du scrutin présidentiel. C’est ce que rapportent les médias locaux, qui ont recensé des incidents dans 13 provinces sur 34. Les bureaux de vote, qui ont ouvert avec du retard, sont restés ouverts deux heures de plus.

Malgré le danger, certains électeurs ont tenu à aller voter. Dix-huit candidats étaient inscrits sur les listes électorales, mais beaucoup d’électeurs semblent s’être déplacés pour soutenir Ashraf Ghani, le président, candidat à sa propre réélection, ou Abdullah Abdullah, le chef de l’exécutif. Erfanullah Erfan se présente au bureau de vote avec une écharpe blanche justement imprimée du portrait d’Ashraf Ghani. « Je ne suis pas juste fan, je l’adore », dit-il.

Un policier le fouille à l’entrée, il s’engouffre dans la cour de la mosquée transformée temps du scrutin et réapparaît quelques minutes plus tard, l’index couvert d’encre bleu.

Vers une redite de 2014

« Quand on regarde le parcours d’Ashraf Ghani, on voit qu’il a fait des études. J’ai voté pour son profil », dit Erfanullah Erfan. À la tête d’une société de construction, ce résident de Kaboul comme de nombreux jeunes du pays, est sensible au CV du chef de l’État, ancien professeur d’université à Washington pendant près de 30 ans.

Nazbullah a fait un choix différent. « On ne peut pas dire qu’il n’a rien fait pour le pays, c’est vrai. Mais je veux voir ce qu’Abdullah Abdullah peut faire. Ashraf Ghani a gouverné pendant cinq ans. Moi, je veux voir du changement, et c’est Abdullah Abdullah qui peut l’apporter, peut-être », estime-t-il.

Les deux hommes s’étaient affrontés en duel dans les urnes dans le second tour du scrutin présidentiel de 2014. Le scénario a de fortes chances de se répéter.

Très peu de votants

Les bulletins de vote vont être collectés et transportés à Kaboul. Le dépouillement se fera dans la capitale afghane. On attend des résultats préliminaires à partir du 17 octobre, les résultats définitifs le 7 novembre. Si aucun candidat n’obtient au moins 51% de voix, il y aura un second tour. 

L'autre chiffre clé de ce scrutin sera le taux de participation. Certains observateurs estiment qu’il n’y aurait pas eu plus de 1,5 million de votants sur les 10 millions de personnes inscrites sur les listes électorales. C’est très peu, mais en Afghanistan la loi électorale n’exige aucun taux de participation minimum pour la validation du scrutin.

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Il faut aussi être attentif aux plaintes déposées auprès de la Commission électorale indépendante (CEI), concernant les dysfonctionnements du scrutin. Ce sont, par exemple, tous ces électeurs qui n’ont pas pu voter parce que leurs noms n’étaient pas sur la liste des électeurs quand ils se sont présentés à leur bureau de vote. Ces plaintes concernent aussi les suspicions de fraudes. Et s’il y en a beaucoup, les résultats pourraient être remis en cause. Le pays pourrait, alors, plonger dans une crise post-électorale, comme ce fut le cas en 2014.

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