Avec notre envoyé spécial à Hong Kong, Stéphane Lagarde
Le feu du passage piéton doit bientôt passer au vert et c’est une armée de cadres en cols blancs qui s’apprêtent à traverser pour la pause déjeuner. Les restaurants du quartier de Wan Chai sont fréquentés par les employés des tours de verres à côté.
Samedi dernier, ces mêmes rues ont été le théâtre d’affrontements violents entre policiers et manifestants. Représentant dans le domaine des biotechnologies, Jason, 50 ans, arrive de Taipei un peu inquiet. Il a vu les images à la télé. « Je m’inquiète un peu pour la foule, raconte ce cadre commercial dans les biotechnologies. J’ai vu à la télévision que certains manifestants passaient par les centres commerciaux et d’autres endroits où on a des clients. »
Les scènes de guérilla urbaine ont laissé des traces. Samedi soir, le passage des jeunes manifestants masqués a eu l’effet d’un essaim de sauterelles sur le mobilier urbain. Toutes les grilles séparant les avenues ont été sciées pour en faire des barricades, elles n’ont pas été remplacées. Mais pour le reste, c’est « buisness as usual » dit cet épicier. « Normal… Oui tout est normal, c’est fini ! On a juste eu un jour off à cause des affrontements. De toute façon, en cas de danger, le patron nous dit de fermer. »
Le quincaillier aussi est ouvert. Il y a deux mois, ce dernier a commencé à vendre des casques de chantiers et des masques respiratoires aux manifestants. Comment vont les affaires ? « Pas très bien. À cause des perturbations et du trafic, nous avons perdu nos clients des chantiers. »
Si le quincaillier espère un retour à la normale, le réparateur d’écran de téléphones portables au centre des ordinateurs tout à côté, affirme lui ne pas manquer de travail. Les commandes augmenteraient même au lendemain des manifestations.