Élections indiennes: l'Uttar Pradesh, un enjeu crucial pour Modi

Quatrième phase des élections générales ce lundi 29 mai à Kampur, il y aura sept phases en tout en six semaines. La grande question, c’est de savoir si le Premier ministre Narendra Modi, chantre du nationalisme hindou, va être réélu pour un nouveau mandat de cinq ans. 71 sièges (sur 546) sont en jeu ce lundi dans neuf États. À Kampur, une ville de l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé du pays que le Premier ministre doit absolument garder s’il veut rester à son poste, les bureaux de vote ont ouvert à 7h heure locale et il y a du monde.

Avec notre envoyé spécial à Kampur,  Christophe Paget

Kampur est la ville la plus peuplée d’Uttar Pradesh, cinq millions d’habitants, 20 millions en comptant sa périphérie. Aujourd’hui jour de vote c’est ferié et les gens sont venus à la fraîche, le matin, même s’il fait déjà extrêmement chaud. Ils nous ont montré fièrement la tache d’encre sur leur ongle qui prouve qu’ils ont voté. Tous, quelles que soient leur tendance, nous ont dit vouloir le développement, du travail. Ici à Kanpour l’industrie du cuir, extrêmement importante, est en berne : le gouvernement a fermé toutes les tanneries l’an dernier, certains pensent que c’est à cause de sa politique de protection de la vache, sacrée dans l’hindouisme. Du coup il y beaucoup de chômage, 400 000 personnes ont perdu leur emploi dans la région. L’économie est donc au centre du vote.

Pour Adeel, qui tient un commerce des planches de contreplaqué, le gouvernement ne travaille qu’avec les 5-10% les plus riches du pays et « n’est pas pour la majorité de la population ». Haseen lui vend des pièces détachées de voitures, il cite la démonétisation pour expliquer son vote - il a voté Congrès - quand le gouvernement a enlevé de la circulation une masse de billets pour lutter contre la corruption, ce qui a posé de gros problèmes à la majorité de la population, mais selon Adil « pas aux plus riches ». Ahmed, étudiant, votait lui pour la première fois et pour le parti du Congrès, car quand ils étaient au pouvoir il y avait aussi de la corruption mais pas de violences, violences contre les musulmans, meurtres de journalistes : « Ils abîment la démocratie indienne. »

D’autres veulent aussi le changement mais avec le parti déjà au pouvoir, le BJP, affirmant qu’il a réduit la violence dans le pays, que Narendra Modi est ami avec beaucoup de gouvernements étrangers. Et ils veulent qu’il fasse encore plus. Peu de gens en revanche disent avoir voté pour la grande alliance locale en Uttar Pradesh, SP-BS, deux partis qui soutiennent l’un les musulmans l’autre les Dalits, les ex-intouchables. Une alliance historique, qui pèse lourd en Uttar Pradesh. Mais pour ceux qui s’opposent au BJP, la tendance semble être à voter Congrès parce qu’ils ont peur que l’alliance locale le soit justement trop et ne parvienne pas à créer une grande coalition au niveau national pour former le gouvernement. Ce qui laisserait le champ libre au BJP de Narendra Modi, d’où ce vote pour le parti du Congrès.

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