Japon: Carlos Ghosn n'assistera pas au conseil d'administration de Nissan

L'ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, actuellement assigné à résidence à Tokyo après plus de cent jours de prison pour malversations financières présumées, voulait assister, ce mardi 12 mars, au conseil d'administration du constructeur d'automobiles japonais Nissan. Le tribunal a annoncé avoir refusé cette requête.

Malgré les déclarations de son principal défenseur, Junichiro Hironaka, qui, selon des propos retransmis à la télévision, indiquait qu'en « tant qu'administrateur, M. Ghosn a l'obligation de participer au conseil, donc s'il en obtient le droit, il veut être présent », la justice japonaise, qui n'a pas donné de détails, a estimé qu'il n'était pas approprié d'accorder à l'ancien magnat de l'automobile une telle autorisation. Carlos Ghosn a en effet interdiction de rencontrer les protagonistes de l'affaire, au premier rang desquels les responsables de Nissan, à l'origine de l'enquête qui a provoqué sa chute.

CA du groupe le 12 mars

Le conseil d'administration du groupe se réunit mardi 12 mars dans l'après-midi au siège de Yokohama (banlieue de Tokyo). Le dirigeant avait été révoqué en novembre de la présidence de Nissan, quelques jours après son arrestation le 19 novembre 2018 à Tokyo, à la sortie de son jet privé, mais il reste administrateur tant que l'assemblée générale des actionnaires n'a pas voté sa destitution. Elle se tiendra le 8 avril à cette fin, ainsi que pour désigner au siège d'administrateur laissé vacant le nouveau président de Renault, Jean-Dominique Senard.

Ce dernier sera présent à Yokohama, pour sa première conférence de presse où il était déjà venu mi-février pour retisser les liens entre la France et le Japon mais sans prendre la parole publiquement. Il sera accompagné du directeur général de Renault, Thierry Bolloré, ainsi que du patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, et du PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko, les hauts dirigeants affichant ainsi leur union après les tensions provoquées par l'arrestation du bâtisseur de l'alliance, le 19 novembre à Tokyo.

L'ordre du jour n'est pas spécifié, mais une nouvelle organisation devrait être annoncée à cette occasion, a indiqué à l'AFP une source proche de l'Alliance. La société néerlandaise Renault-Nissan BV (RNBV), qui symbolise l'ensemble automobile franco-japonais, va être remplacée par un nouveau comité tripartite incluant Mitsubishi Motors, qui pourrait siéger alternativement en France et au Japon, selon cette personne. L'objectif est de tourner la page de l'ère Ghosn, dont la toute-puissance a été dénoncée avec virulence par Nissan.

Ghosn clame toujours son innocence

Le magnat de l'automobile déchu, qui se dit innocent, a été inculpé pour minoration d'une partie de ses revenus pour un montant de 9,23 milliards de yens (74 millions d'euros) de 2010 à 2018, dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières. Il a également été inculpé pour abus de confiance. Dans l'attente de son procès, qui n'interviendra pas avant plusieurs mois, M. Ghosn, 65 ans, a interdiction de quitter, même brièvement, le Japon. Il n'a pas le droit d'accéder à internet, ses allées et venues ainsi que celles de ses visiteurs sont filmées et les images régulièrement remises au tribunal. Le parquet a cependant jugé vendredi que ces « conditions de libération sous caution n'étaient pas efficaces pour empêcher une altération de preuves compromettantes ».

(avec AFP)

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