Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
C'est une surprise ! Le tribunal de Tokyo a fixé une caution d'un milliard de yens, l’équivalent de près de 8 millions d'euros, pour la mise en liberté de Carlos Ghosn qui pourrait intervenir dès ce mardi 5 mars 2019.
La décision survient au lendemain d'une conférence de presse de son nouveau principal avocat Junichiro Hironaka surnommé « le rasoir » pour sa défense affutée et souvent victorieuse d'affaires très médiatisées.
Il se montrait plus optimiste que son prédécesseur, qui avait laissé entendre que Carlos Ghosn pourrait rester en détention au Japon pendant des mois.
La troisième était la bonne
Les conditions de la libération sous caution de l'ex-patron de Nissan et de Renault comportent de nombreuses interdictions. Carlos Ghosn ne pourra pas quitter le Japon jusqu’à l'ouverture de son procès alors qu'il espérait, plus tôt, pouvoir retourner en France dans l'attente de son procès.
Ses voyages hors de la capitale seront aussi très restreints. Son lieu de résidence sera sécurisé. Il sera placé sous la surveillance de caméras et disposera de moyens limités de communiquer avec l’extérieur.
François Zimeray, l'avocat de la famille de Carlos Ghosn, avait déposé lundi à Genève une requête auprès des Nations unies pour dénoncer les conditions dans lequelles la procédure a été conduite jusqu'à présent, ainsi que sur les conditions de détentions très dures de Carlos Ghosn.
« On est content d'avoir gagné une bataille qu'on ne pensait pas si difficile auparavant parce qu'on ne savait que les lois étaient aussi dures au Japon », a réagi Nadim Nader, président du comité de soutien à l'homme d'affaires.
Le tribunal de Tokyo avait rejeté deux premières requêtes d'un précédent avocat, Motonari Otsuru, un ancien procureur. Le juge estimait que Carlos Ghosn présentait un risque de fuite. Il pouvait aussi détruire des documents utiles à l'accusation.
Le parquet décide aussitôt de faire appel
Le patron libano-franco-brésilien est accusé d'avoir sous-déclaré ses revenus chez Nissan et d'abus de confiance. Dans un communiqué, en janvier dernier, il avait déclaré qu'il était « impatient d'avoir enfin l’opportunité de se défendre et de rétablir sa réputation », ajoutant qu'il n’était pas coupable des charges qui lui sont reprochées.
Nissan réagit à l'annonce de cette libération conditionnelle en déclarant que « les investigations menées en interne chez Nissan ont montré des conduites (de M. Ghosn, Ndlr) manifestement contraires à l’éthique, et d'autres faits continuent d’émerger ».
Le bureau des procureurs de Tokyo a, dès l'annonce de la prochaine libération de l'ex-grand patron, décidé de faire appel de la décision d'un tribunal de libérer
sous caution Carlos Ghosn. Un appel rejetté quelques heures après.
Dans un communiqué, l'ancien dirigeant de Nissan se Carlos Ghosn se dit « innocent » et prévient qu'il va se défendre « vigoureusement ».
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