Catastrophes naturelles, manque de terres arables, agriculture inefficace. Frappée par de sévères sanctions de la communauté internationale et par des pénuries alimentaires chroniques, en raison de ses programmes nucléaire et balistique, la Corée du Nord a enregistré des récoltes particulièrement basses l'an passé.
La production de soja a baissé de 39%, selon les Nations unies. Celle de pommes de terre, tubercules dont l'homme fort du régime Kim Jong-un entendait faire le moyen de remédier aux pénuries, a chuté de 34%. Pyongyang a déjà indiqué à l'ONU que 1,4 million de tonnes de nourriture allaient lui manquer en 2019.
Au total, les récoltes se sont élevées à 4,95 millions de tonnes, en baisse de 500 000 tonnes sur un an, soit « la production la plus basse en plus d'une décennie », peut-on lire dans un communiqué du coordinateur résident de l'ONU pour le Nord, Tapan Mishra, qui évoque « un important déficit alimentaire ».
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Selon l'ONU, 10,9 millions de personnes, soit 43% de la population nord-coréenne, ont besoin d'aide humanitaire. C'est 600 000 de plus que l'an passé. Les Nations unies craignent que la malnutrition et les maladies ne progressent. Mais elles déplorent le manque drastique de financements.
C'est l'un des « plans humanitaires les moins bien financés du monde entier », déplore M. Mishra, qui relate que 24% de l'argent qui avait été demandé l'an passé a été récolté pour la Corée du Nord. L'ONU a dû réduire son objectif de personnes à aider de 6 à 3,8 millions pour toucher les plus nécessiteux.
Selon le coordinateur des Nations unies, certaines agences ont été contraintes de réduire l'ampleur de leurs programmes, voire d'arrêter des projets. Constatant que les sanctions constituent un défi pour l'aide humanitaire, il exhorte les donateurs à « ne pas laisser des considérations politiques faire obstacle » face aux besoins.
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Après la Guerre de Corée (1950-1953), Pyongyang, soutenu financièrement par Moscou, a su impulser une phase d'industrialisation rapide qui a rendu le pays prospère malgré la mauvaise gestion. Mais après la chute de l'URSS, les années 1990 ont vu s'installer une très grave famine en Corée du Nord.
Malgré l'amélioration de la situation, l'agriculture nord-coréenne reste plombée par le fait que Pyongyang n'a pas accès aux dernières technologies ou aux engrais. En règle générale, ses rendements sont donc inférieurs aux moyennes mondiales. Dans ce pays de montagnes, 20% des terres sont propices aux cultures.
La Corée du Nord a connu en juillet et août une très forte vague de chaleur. Puis les inondations ont pris le relais, provoquées par le passage du typhon Soulik. Ces événements météorologiques ont fait baisser les récoltes de riz et de blé de 12 à 14%. Les conditions étaient les mêmes au Sud, mais l'impact ne l'a pas été.
(Avec agences)