Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Le ton du communiqué d'Ankara est sans appel : la diplomatie turque dénonce l’existence de camps d’internement, parle de graves violations des droits de l’homme, évoque la torture et le lavage de cerveau politique des Ouïghours en Chine. Ou, plus précisément des « Turcs ouïghours » puisqu’aux yeux d’Ankara ce peuple turcophone est un « peuple frère ».
Sévérité
Il y avait longtemps que le ton de la Turquie à l’égard de Pékin n’avait pas été aussi sévère. En 2017, en pleine crise avec l’Europe, le chef de la diplomatie turque avait préféré lors d’une visite en Chine développer les relations commerciales. Une visite qui avait été perçue par certains comme un abandon des « frères ouïghours » au profit d’intérêts économiques.
L'enjeu des élections municipales
Mais, aujourd’hui, Ankara ne semble plus aussi préoccupé par l’entretien de bonnes relations avec Pékin. Peut-être parce que le pouvoir du président turc Recep Tayyip Erdogan dépend notamment du soutien de son allié ultranationaliste qui fait de la cause des peuples frères, un pilier de sa politique chauviniste, un soutien d’autant plus nécessaire à moins de deux mois d’élections municipales décisives.