De notre correspondante à Kaboul,
La liste des candidats à l'élection présidentielle afghane est donc bouclée. Ils sont quatorze. Parmi eux, des figures politiques connues et puissantes dans le pays. L’un d’eux aurait de nombreux soutiens dans la région et dans le pays. Il s’agit de Mohammad Hanif Atmar. Il a fait la une des journaux en Afghanistan il y a six mois, en plein été lorsqu’il a démissionné de son poste de conseiller à la sécurité nationale. Il l’occupait depuis quatre ans et était considéré comme le deuxième homme fort du pays. Il avait expliqué sa démission par des désaccords importants avec le président.
Abdullah Abdullah, candidat pour la troisième fois
Le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah est aussi candidat. En 2014, il s’était retrouvé au second tour avec Ashraf Ghani. Certains considèrent qu’il était celui qui avait gagné le scrutin dans les urnes. Parmi les candidats également l'ancien ministre des Affaires étrangères Zalmai Rassoul. L’ancien chef des services de renseignement Rahmatullah Nabil, un ancien ministre de l’Intérieur Noorul-haq-Ulomi. Ils sont donc 14, et les soutiens politiques s'annoncent déjà, les clans, les alliances se forment.
Ashraf Ghani brigue un second mandat
Parmi les candidats, il y a aussi le président afghan, candidat a sa propre succession. Son mandat laisse un goût amer à de nombreux Afghans. Il y a eu plus de 10 000 civils tués et blessés en 2018 selon le dernier rapport de Human Rights Watch, un tiers sont des enfants. Près de la moitié du territoire est directement ou indirectement contrôlé par les talibans qui sont clairement en position de force. La dégradation sécuritaire est constante. Il y a donc de nombreux mécontents. Mais Ashraf Ghani se pose avant tout en défenseur de la paix, il est celui qui a tendu la main aux talibans il y a un an en leur offrant de s’asseoir à la table des négociations . Il l’a d’ailleurs dit avant hier dans son discours dont vous pouvez entendre un extrait. Lors de son allocution télévisée à la nation juste après avoir déposé sa candidature. Il a donc déclaré : « Nous travaillerons pour la paix au nom d'une nation digne qui vit dans la douleur ». C’est cette phrase que les médias nationaux ont choisi de mettre en exergue. La campagne sera difficile pour le président, cela est évident.
Face à lui. Il y a plusieurs candidats qui rassemblent de nombreux soutiens. Dans les coulisses, on dit le président afghan lâché par les Américains. Que ces derniers, qui l’ont soutenu pour l’amener au pouvoir en 2014 sur fond de fraudes massives, s’en détournent aujourd’hui, estimant qui le n'est plus l’homme de la situation. Difficile de savoir ce qu’il en est véritablement. Mais les reproches faits à Ashraf Ghani sont multiples. On lui reprocherait plusieurs choses, notamment son caractère lunatique, ses sautes d’humeur, son impulsivité , son manque de savoir-faire dans les relations avec les barbes blanches qui sont les détenteurs traditionnels du pouvoir local.
Un chef de guerre également candidat après vingt ans d'exil
Gulbuddin Hekmatyar, le chef du parti Hezb-e-Islami se présente aussi. Sa candidature suscite de l’indignation chez certains. À l’image d’un internaute qui sur Twitter a réagi en écrivant : « Depuis 40 ans, personne n’est jugé pour le meurtre de civils en Afghanistan. À l’image d’Hekmatyar . Il a revendiqué l’attaque contre un supermarché à Kaboul et a tué l’une de mes collègues et toute sa famille. Aujourd’hui il est candidat à la présidence ». De nombreux Afghans ont eu cette réaction il y a deux ans quand après avoir signé un accord avec le gouvernement, Gulbuddin Hekmatyar faisait son retour dans la capitale afghane triomphant.