Nouvelles violences au Cachemire indien

Ce samedi 15 décembre, onze personnes - sept civils, trois rebelles armés et un soldat - ont été tuées par des tirs au Cachemire indien. L'armée régulière a ouvert le feu sur des manifestants après une fusillade avec des rebelles séparatistes, a-t-on appris auprès des forces de l'ordre et des responsables hospitaliers. Les rebelles ont appelé à trois jours de deuil et de grève.

La fusillade a éclaté dans le village de Kharpora Sirnoo, situé dans la région de Pulwama, au moment où des soldats assiégeaient une maison dans laquelle se cachaient des rebelles. Trois séparatistes, dont un ancien soldat ayant rejoint la rébellion, ont été tués dans cette fusillade ainsi qu'un membre des forces de sécurité. Pendant la fusillade, des centaines d'habitants sont descendus dans les rues pour se diriger vers la maison en scandant des slogans en soutien aux séparatistes et en jetant des pierres sur les soldats, ont raconté des témoins.

« C'était le chaos. Six manifestants sont morts sous les balles des soldats », a témoigné un policier sous couvert de l'anonymat. Selon des responsables hospitaliers, un septième homme est ensuite mort de ses blessures.

Selon la police, les manifestants s’étaient « dangereusement approchés » du site où étaient échangés les coups de feu, mais selon certains habitants, les soldats ont en fait directement tiré sur la foule.

Trois jours de deuil et de grève générale

D’autres manifestations anti-indiennes ont alors éclaté dans la région occasionnant des affrontements avec les forces de sécurité. Les rebelles appellent, eux, à trois jours de deuil et de grève générale. Ils appelent également à se rendre ce lundi devant le cantonnement des forces armées indiennes en périphérie de la ville de Srinagar. Depuis deux ans le soutien de la population aux rebelles a augmenté depuis la mort d’un de leurs commandants, le charismatique Burhan Wani.

De fait, l’année 2018 aura été particulièrement sanglante : les responsables des forces de sécurité parlent de 230 rebelles tués, une association locale compte, elle, plus de 500 morts dont 150 civils, soit le bilan le plus lourd depuis le début de la rébellion en 1989.

500 000 soldats indiens déployés

Région himalayenne revendiquée aussi bien par l'Inde que le Pakistan depuis la fin de la colonisation britannique en 1947, le Cachemire est divisé de facto entre les deux puissances nucléaires d'Asie du Sud. Confrontée à une insurrection séparatiste dans la partie sous son contrôle, New Delhi accuse de longue date son voisin d'armer des groupes rebelles dans cette région majoritairement peuplée de musulmans. Islamabad rejette ces accusations. Quelque 500 000 soldats indiens sont déployés dans le territoire contrôlé par l'Inde. Depuis 1989, le conflit est estimé avoir fait plus de 70 000 personnes, essentiellement des civils.

(avec AFP)

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