Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
C'est une lettre ouverte publié par quatre sénateurs américains qui a suscité la colère des autorités russes. Dans ce texte, les sénateurs demandent aux délégués d'Interpol d'écarter le candidat proposé par Moscou. « Ce serait introduire le loup dans la bergerie » écrivent notamment les quatre élus américains qui accusent la Russie d'utiliser Interpol pour harceler, à l'étranger, les opposants au Kremlin.
Le Kremlin justement n'a pas vraiment apprécié la charge des sénateurs américains. Il s'agit clairement « d'une ingérence » a déclaré ce mardi Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe.
Un Russe à la tête d'Interpol, ce scénario suscite l'inquiétude aux Etats-Unis. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a indiqué que les Etats-Unis « soutenaient fermement » le candidat sud-coréen à la présidence d'Interpol, Kim Jong-yang, face à son concurrent russe.
La perspective est aussi mal vue par les opposants de Vladimir Poutine. Des opposants qui pointent en particulier l'usage des fameuses « notices rouges » délivrées par Interpol, l'équivalent de mandats d'arrêt internationaux. Un instrument dont la Russie a abusé au cours des dernières années, selon ses opposants. Sur les réseaux sociaux, Alexei Navalny affirme ainsi que la Russie n'a cessé d'utiliser d'Interpol « à des fins de répression politique ».
Selon le quotidien The Times, Alexandre Prokoptchouk serait le favori du scrutin face à un autre candidat, sud-coréen. Selon sa biographie sur le site internet du ministère russe de l'Intérieur, qu'il a rejoint dans les années 1990, Alexandre Prokoptchouk a obtenu en 2003 le grade de général de police et commencé à travailler avec Interpol en 2006, d'abord en tant que responsable adjoint du bureau russe de l'organisation. Ce polyglotte de 56 ans a également été chargé de la coopération avec Europol, l'agence européenne de police criminelle, puis nommé au comité exécutif d'Interpol en 2014 avant d'en être élu vice-président en novembre 2016.
La police mondiale est privée de président depuis la « démission » subite de son ancien patron, Meng Hongwei, accusé de corruption en Chine et qui a mystérieusement disparu début octobre au cours d'un voyage dans son pays.