Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
Ramachandra Guha devait occuper un poste de directeur de programme dans l'université privée d'Ahmedabad, principale ville du Gujarat, dans l'ouest du pays. Ce professeur, qui a également enseigné à la prestigieuse London School of Economics, est un historien réputé et biographe du Mahatma Gandhi. Mais le syndicat étudiant et hindouiste de l'ABVP a menacé de mener des actions violentes si la direction n'annulait pas cette nomination.
L'Akhil Bhartiya Vidyarthi Parishad considère que le travail de Ramachandra Guha est « anti-hindou, ne respecte pas la grandeur du passé de l'Inde, sème la discorde dans les esprits des étudiants et a pour résultat de désintégrer la nation ». L'ABVP en veut surtout à son analyse critique du mouvement hindouiste, du système de castes ainsi que de l'histoire religieuse indienne. Une censure idéologique courante depuis l'arrivée des hindouistes au pouvoir.
Selon des sources citées par les médias indiens, l'université a reçu de fortes pressions politiques, venant des nationalistes hindous au pouvoir. Le parti du Premier ministre Narendra Damodardas Modi est lancé depuis des années dans un projet de réécriture de l'histoire indienne, afin de faire passer la mythologie hindoue pour des faits historiques. Les historiens qui s'y opposent sont généralement poussés vers la sortie.
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