Visite du président sud-coréen à Pyongyang, une première depuis une décennie

Moon Jae-in a atterri ce mardi 18 septembre 2018 à Pyongyang pour rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Il y restera trois jours. C’est le troisième sommet entre les deux hommes en moins de six mois. Et c’est la première fois depuis 11 ans qu’un président sud-coréen se rend dans la capitale du Nord.

Avec notre correspondant à Séoul,  Frédéric Ojardias

Moon Jae-in a été accueilli sur le tarmac de l’aéroport par Kim Jong-un en personne. Sourires, poignées de main, pas moins de trois accolades ; les deux hommes, avec leur épouse respective, ont tenu à afficher leur entente. Des dizaines de milliers de civils, déployés sur le trajet de leur limousine dans Pyongyang, ont agité des fleurs et crié « réunification » en signe de bienvenue.

Mais derrière ce cérémonial, la tâche qui attend le président sud-coréen est ardue : Moon Jae-in veut développer la coopération intercoréenne, notamment sur le plan économique. Pour cela, il a besoin de la levée des sanctions et doit donc relancer les pourparlers de dénucléarisation entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, des pourparlers aujourd’hui dans l’impasse.

Moon Jae-in doit convaincre Kim Jong-un de faire suffisamment de concessions - notamment en fournissant un inventaire complet de son arsenal nucléaire - pour que Donald Trump accepte de déclarer formellement la fin de la guerre de Corée. Ce qui permettrait d'approfondir la coopération. En cas d’échec, Séoul craint un retour aux provocations et aux menaces de guerre, comme l’an dernier.

De grands patrons sud-coréens dépêchés pour amadouer Kim Jong-un

La Corée du Sud compte bien utiliser l’argument économique pour convaincre Pyongyang de s'engager. Dix-sept grands patrons sud-coréens accompagnent le président lors de ce sommet en Corée du Nord. Notamment les chefs et héritiers de mastodontes tels que Samsung, LG ou Hyundai. Go Myung-hyun, chercheur du think tank Asan, affilié au groupe Hyundai, explique les raisons de leur présence :

« Je pense que l’objectif est d’accroître les attentes de la Corée du Nord. Tous ces patrons de conglomérats qui vont à Pyongyang vont faire comprendre à Kim Jong-un que s’il fait le nécessaire, s’il publie l’inventaire [de ses armements nucléaires], alors ils sont prêts à investir en Corée du Nord. Leur visite, c’est une petite touche personnelle » pour aider dans les négociations, explique-t-il.

Après ses succès nucléaire et balistique l'an dernier, Pyongyang veut précisément se concentrer sur le développement de son économie. Séoul espère donc exploiter cette ambition en faisant miroiter les réussites de son propre « miracle » économique. Mais avec les sanctions, les patrons sud-coréens éviteront « de s’engager dans quoi que ce soit de concret, comme signer un accord économique ou construire une usine », prévient Go Myung-hyun...

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