Inondations au Kerala: les habitants entament les opérations de nettoyage

Au Kerala, la décrue des eaux ces derniers jours a permis à de nombreux habitants de l'État de revenir sur les lieux de leur domicile. Beaucoup d'entre eux ne peuvent cependant que constater l'ampleur des dégâts. Dans la ville d'Aluva, à 30 km au nord-est de Cochin, une grande partie des maisons sont remplies de boue et restent encore inhabitables, alors que tous les magasins le long de la route principale ont baissé leurs stores. Les habitants de la ville s'organisent et s'entraident pour les opérations de nettoyages alors que pour certains, les dommages sont trop importants.

Avec notre envoyé spécial dans l’État du Kerala, Antoine Guinard

Tout le monde s'est donné rendez-vous chez Divya et Manoj Revi mercredi matin pour prêter main-forte au couple. Jeetu, le frère cadet de Diya a embarqué ses trois amis armés de lames de balayage et Reejesh, l'ainé, a fait le voyage depuis Trivandrum, à la pointe sud de l'État.

Plusieurs collègues de bureau de Manoj s'activent à faire marcher le générateur afin de pouvoir allumer le karcher, avant de s'attaquer à l'épaisse couche de boue qui recouvre les sols et même les murs.

« Le gouvernement doit aider ces gens »

Pour quelques nuits encore, la famille logera encore dans un camp à proximité. Mais Manoj sait qu'il est plus chanceux que son voisin Mohamed Sayid. « Il ne fête pas l'Aïd aujourd'hui, car il a tout perdu dans les inondations. Ça, c'est son atelier là-bas. Il a perdu toutes ses matières premières donc il n'a rien à célébrer. Le gouvernement doit aider ces gens, car ils sont très pauvres. »

Non loin de là, la maison d'un autre voisin n'est plus qu'un ramassis de débris et les plants de tapioca plantés par Manoj ont été dévastés. En début de soirée, Manoj partira chez un autre collègue pour l'aider à extraire la boue et le mobilier endommagé de sa maison. Une scène qui se joue dans toutes les rues d'Aluva et à travers de nombreuses agglomérations du Kerala.

Cette catastrophe était-elle inévitable ?

Une catastrophe d'une telle ampleur aurait-elle pu être évitée ? C'est ce qu'estime les nombreux experts qui pointent du doigt la mauvaise gestion des ressources en eau au Kerala. Si l'Etat a connu des précipitations très supérieures à la normale au mois d'août, les écologistes accusent le gouvernement kéralais d'avoir tardé à ouvrir les vannes des nombreux barrages, positionnés sur la quarantaine de rivières qui traversent la région. Selon eux, l'eau aurait due être libérée graduellement, des le début des fortes précipitations en août.

 Cette décision n'a été prise que lorsque la montée des eaux était déjà à son paroxysme. Ce qui a entraîné l'inondation immédiate de vastes zones densément peuplées. Il y a avait par ailleurs des signes avant-coureurs. Le mois dernier, un rapport du gouvernement indien a pointé du doigt la mauvaise gestion des ressources hydriques au Kerala.

Les écologistes évoquent le développement des industries, des mines et de l'urbanisation au Kerala, une région à l'écosystème riche et sensible. Les autorités keralaises se défendent de ces accusations, qui affirment oeuvrer activement à la restauration des zones humides dans l'Etat.

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