Avec notre correspondant à Jakarta, Joël Bronner
En Indonésie, les représentants de la classe politique ont la fâcheuse habitude de se laisser gangréner par la corruption. L'ex-président du Parlement, Setya Novanto - dont le procès est en cours - a ainsi perdu son poste à la suite du plus grand scandale de détournement de fonds de l'histoire du pays. Ses tentatives d'échapper à la justice avaient d'ailleurs, il y a quelques mois, été largement moquées à travers l'archipel.
Mais à présent, ce genre de moqueries pourraient bien être considérées comme illégales. Et dans le même temps, les députés ont aussi rendu les enquêtes susceptibles de les viser plus difficiles, car soumises dorénavant à l'examen préalable du Parlement lui-même puis à l'approbation du président.
Le président Joko Widodo, face à la contestation populaire, a préféré ne pas signer le texte – ce qui n'empêche pas son entrée en vigueur – mais sans s'y opposer frontalement, pour ne pas se mettre à dos les partis politiques, dont il sollicite le soutien en vue de la présidentielle qui aura lieu l'an prochain.
D'ici là, la révision en cours du Code pénal indonésien pourrait bien être achevée et un certain nombre d'articles controversés limitant eux aussi les critiques du régime et la liberté d'expression risquent bien d'être adoptés.