De notre correspondant à Ho Chi Minh Ville,
Le rapprochement entre le Vietnam et les Etats-Unis a été amorcé il y a une vingtaine d’années. En 1994, les Etats-Unis avaient levé l'embargo économique imposé après la guerre et les deux pays avaient normalisé leurs relations diplomatiques l'année suivante.
Barack Obama, en visite au Vietnam en 2016, avait scellé un peu plus ce partenariat en levant complètement l’embargo sur les ventes d’armes, l’un des derniers vestiges de la guerre.
En fait, ce rapprochement est une conséquence de la politique de Pékin, qui montre de plus en plus ses muscles en mer de Chine méridionale. Des images aériennes à haute résolution montrent que de nombreux récifs et bancs de sable ont été transformés en forteresses insulaires avec notamment des ports militaires et des pistes aériennes.
En 2014, Pékin avait installé une plate-forme pétrolière dans les eaux maritimes revendiquées par Hanoï, provoquant des émeutes antichinoises meurtrières au Vietnam.
Depuis cette date, la Chine a construit de nouvelles îles dans les eaux contestées, malgré une décision historique rendue en 2016 par la Cour permanente d'arbitrage de La Haye, qui a déclaré que les revendications maritimes de la Chine étaient sans fondement juridique. Une décision restée pour l’heure sans effet.
Donald Trump sans stratégie claire
A la différence de Barack Obama, qui considérait le Vietnam comme un pays clé pour faire face aux ambitions chinoises, Donald Trump, en visite officielle au Vietnam en novembre 2017, n’a pas réussi à afficher une ligne stratégique claire en Asie.
Hanoï s’inquiète notamment que Washington se montre plus flexible envers la Chine, sur qui les Américains comptent pour empêcher la Corée du Nord de se doter d’un arsenal nucléaire. Les Vietnamiens ont également été déçus de la décision américaine de se retirer du partenariat transpacifique, un projet de zone de libre-échange contournant la Chine.
Mais il est dans le même temps difficile pour les Etats-Unis de négliger une mer stratégique, où transitent chaque année pour 5 000 milliards de dollars de marchandises et qui est réputée contenir de vastes réserves de gaz et de pétrole. C’est pourquoi les Américains, qui s’inquiètent par ailleurs de la montée en puissance de l’armée chinoise, cherchent à maintenir des liens solides avec Hanoï.
En tout cas, l’arrivée du porte-avions semble déjà avoir atteint l’un de ses objectifs. Vendredi 2 mars, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré qu'elle espérait que la visite puisse « jouer un rôle constructif au lieu de faire peur aux pays de la région ».