Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
« Nous marchons, car je suis en colère. » L'appel lancé par Kailash Satyarthi a résonné dans les trois quarts des Etats indiens pendant plus d'un mois. L'objectif était d'aller à la rencontre des jeunes, des travailleurs sociaux et des politiciens pour les éduquer sur les moyens de lutter contre les violences faites envers les enfants. Et de stopper la traite de ces mineurs.
Onze mille kilomètres ont été parcourus, jalonnés de dizaines de rencontres : avec des avocats pour les inciter à réduire leurs honoraires quand ils défendent des enfants violés, avec la police afin de trouver des solutions pour arrêter plus rapidement les coupables de ces crimes.
Surtout, le prix Nobel de la paix 2014 a mené des classes informelles avec des adolescents pour leur apprendre à se protéger des attouchements de leurs proches, qui sont l'une des formes de viol les plus répandues en Inde. « J'ai regardé dans les yeux d'enfants de 5 ou 6 ans qui ont été brutalement violés, et leurs violeurs sont en liberté, continue Kailash Satyarthi. Nous marchons, car c'est une guerre. »
Ce lundi matin, pour conclure la marche, le militant de 63 ans a été reçu par le président, auquel il a répété l'une de ses principales demandes : adopter une loi plus efficace pour punir la traite d'enfants. La législation actuelle n'est applicable que si la personne est séquestrée pour la forcer à se prostituer. Et le problème est urgent : un enfant disparaît toutes les 8 minutes en Inde. Soit plus de 65 000 par an.