Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Ce remaniement ministériel ne va pas rendre Shinzo Abe plus populaire aux yeux des Japonais, même s'il leur promet la gratuité de l'éducation pré-scolaire pour leurs enfants, aussi longtemps qu'il ne changera pas sa politique. Le Premier ministre souhaite réviser la Constitution pacifiste du Japon. Shinzo Abe veut rendre au pays son droit de belligérance. En dépit de la montée en puissance de la Chine, d'une Corée du Nord qui menace de faire pleuvoir ses missiles sur les bases américaines au Japon, dans leur majorité les Japonais tiennent toujours à leur Constitution pacifiste.
Outre des affaires de favoritisme envers des amis pour l'ouverture d'une école vétérinaire ou la vente illégale d'un terrain public à une école d'Osaka, les Japonais reprochent à Shinzo Abe d'avoir délaissé les réformes de l'économie et de la société qu'il avait promises, il y a cinq ans, pour faire face au vieillissement de la population, au manque de mobilité de la main-d'oeuvre et aux obstacles à l'emploi des femmes.
Par ailleurs, le Premier ministre souhaite, l'an prochain, être réélu à la tête de son parti conservateur. S'il continue de donner l'impression, à tort ou à raison, de négliger la vie des gens, il ne le sera, peut-être, pas. L'écrasante victoire du mouvement « Tokyo, d'abord » de la gouverneure de Tokyo aux dernières élections municipales de la capitale sert de coup de semonce. Les Japonais se détournent, eux aussi, des partis traditionnels quand le choix leur est offert.