Avec notre envoyée spéciale à Hong Kong, Heike Schmidt
La porte de la librairie de Causeway Bay est cadenassée. Quand va-t-elle rouvrir ? La patronne de la boutique d’en face hoche la tête et continue à plier des sous-vêtements en dentelle noire.
L’avenir de la librairie est aussi incertain que celui de Lam Wing-kee. Le gérant de la maison d’édition avait disparu l’an dernier comme quatre autres libraires détenus par la police chinoise.
Aujourd’hui, Lam Wing-kee met en garde tous les Hongkongais : « Il n'y a pas que moi qui peux disparaître. Si la Chine décide de vous faire disparaître, vous allez disparaître ! Les Hongkongais restent vigilants sur cette affaire. Je suis toujours recherché, accusé d'avoir vendu des livres interdits. »
Les Hongkongais ne sont plus maîtres chez eux estime Lam Wing-kee. Il appelle à manifester contre la venue du président chinois, mal-aimé ici. « L’avenir de Hong Kong ne dépend pas que de la Chine. Face au durcissement de Pékin nous devons défendre nos libertés de façon non-violente. Si nous n’en sommes pas capables seuls, il faudra demander le soutien des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Canada. »
Si l’on en croit Lam Wing-kee le mieux serait de couper tous les ponts avec la Chine. Avec sa voix toute douce et ses allures d’intellectuel révolté, il réclame l’impensable : l’indépendance. Une revendication qui n’est plus taboue ici.