L’emprise des talibans en Afghanistan ne cesse de se renforcer et malgré ses efforts, le gouvernement peine à faire face à la vague d’attentat perpétrée par le terrorisme islamiste. Après l’attaque de la base militaire de Mazar-e-Charif , dans la province de Balkh, le président Ashraf Ghani a pris des sanctions lundi 24 avril, en annonçant la démission du ministre de la Défense et du chef d’Etat-major des armées. Les chefs de quatre corps d'armée ont également été limogés.
Mais selon Gilles Dorronsoro, professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, le vrai problème est que rien n'a été fait pour assurer véritablement le succès de la transition après le retrait des forces militaires étrangères : « Concrètement l’entraînement des forces afghanes est très limité. Le turn-over est extraordinaire. On est à plus de 30% dans la police et dans l’armée. Ce qui fait qu’il est impossible de construire des compétences. Le soutien aérien n’est pas suffisant et les problèmes structurels dont on parlait, c’est-à-dire corruption et népotisme, n’ont pas du tout été résolus », déplore-t-il.
« Situation de plus en plus difficile »
« Aujourd’hui, poursuit-il, on a une armée et une police, dont les chiffres officiels sont d’ailleurs totalement surévalués par rapport à la réalité, qui est incapable de contrer les talibans qui, eux, sont une force qui, maintenant, opère quasiment sur l’ensemble du territoire afghan avec un très fort soutien pakistanais ».
« On est dans une situation qui est de plus en plus difficile. On peut dire que plus d’une centaine de districts sur 400, entre 100 et 150, sont, de fait, quasiment ou totalement sous contrôle des talibans », explique encore Gilles Dorronsoro.