Santé: pourquoi les Sud-Coréens dorment-ils moins que les autres?

Les Coréens ne dorment pas assez ! La Corée du Sud est même le pays qui dort le moins parmi tous ceux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La conséquence d’un mode de vie trépidant et d’une société hyper compétitive. Un manque de sommeil dont profite toute une industrie du «dodo» en plein essor.

De notre correspondant à Séoul,

Les Coréens dorment en moyenne 7h41 par jour, nous apprend l’agence Yonhap. « C’est 41 minutes de moins que la moyenne des pays de l’OCDE, et c’est la durée de sommeil la plus courte parmi les 26 pays examinés. » La sécurité sociale sud-coréenne  explique elle que le nombre de patients qui consultent pour des problèmes d’insomnie a plus que doublé en quatre ans. En cause : un environnement du travail hyper compétitif, qui suscite du stress et des horaires de travail qui n’en finissent pas. Mais les Sud-Coréens ont aussi le goût des virées nocturnes : restaurants et bars restent ouverts jusqu’au bout de la nuit.

Séoul est une ville qui ne dort jamais. Dormir peu a même longtemps été valorisé socialement : « Si tu dors plus de quatre heures par nuit, tu vas rater tes examens ! », dit ainsi un dicton répété aux lycéens qui préparent leur bac. Les Coréens sont aussi particulièrement accros au smartphone, ce qui excite le cerveau et ne favorise pas le sommeil. Et l'on voit à présent émerger de nombreux services - parfois étonnants - destinés à aider les Coréens à mieux dormir. Le meilleur exemple, c'est le phénomène « healing cafe », les « cafés apaisants ». Ce sont des établissements qui offrent des chaises de massage séparées par des cloisons, de la musique douce et des infusions calmantes.

Ce genre d'établissements se multiplie dans les quartiers d’affaires et de bureaux, où les employés exténués viennent piquer un petit somme pendant la pause de midi (voir ce reportage télévisé en forme de visite guidée). On observe aussi une explosion des ventes de gadgets connectés. Par exemple, des bracelets qui mesurent votre rythme biologique et vous offrent des conseils pour mieux gérer vos cycles de sommeil. Toujours au rayon des gadgets, les ventes de masques qui se posent devant les yeux et qui chauffent pour vous détendre et vous endormir plus vite ont connu une hausse de 40 % en deux mois en début d’année.

Les produits plus traditionnels destinés à faciliter le sommeil rencontrent aussi le succès. A la télévision, les publicités se multiplient pour de luxueux lits motorisés qui permettent d’ajuster ses diverses sections, comme les lits d’hôpitaux. Les supermarchés voient leurs ventes de bougies, encens, diffuseurs de parfum, infusions, boules Quiès, rideaux opaques, oreillers à mémoire de forme, connaître des croissances fulgurantes. C’est tout un pays qui semble chercher désespérément le sommeil, ce qui fait les affaires de certains.

Ce marché est évalué à 1,6 milliard d’euros par la très sérieuse « Association coréenne de l’industrie du sommeil ». Et ce n’est que le début, promet son directeur, Lim Young-hyun, qui assure que « ce secteur se développe dans de nouvelles directions (…) » et que « nous assistons à une convergence des secteurs, comme le montre l’exemple des coussins connectés aux technologies de l’information ». Au risque d’être rabat-joie, on pourrait cependant faire remarquer qu’avant de connecter leurs coussins, les Coréens devraient peut-être, tout simplement, essayer de travailler moins.

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